Trafic de bois de rose, 2015

Le bois de rose est une des ressources les plus recherchée, et fait l’objet d’un trafic que l’on nomme « l’ivoire de la forêt ».

Le bois de rose malgache a été exploité durant des décennies, avant que sa commercialisation soit interdite en 2010. Désormais, il est protégé par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacés d’extinction, mais son commerce, bien qu’illégal, continue d’exister.

Michael Zumstein a remonté la filière du trafic de « Bolabola », quittant la reverse naturelle de Masoala à Madagascar, pour arriver jusqu’en Chine, dans les faubourgs de Xianyou en 2015.

Madagascar

Des villages pauvres de la réserve naturelle malgache de Masoala aux faubourgs de Xianyou, ville nouvelle de la province de Fujian, en Chine, Michael Zumstein a remonté la filière du trafic de «Bolabola», le bois de rose. C’est pour son incroyable densité que ce bois est prisé par les riches acheteurs chinois qui rêvent de s’offrir des répliques de mobiliers de l’époque impériale.

Alors que le salaire moyen d’un agriculteur de l’île est de 2,5 euros par jour, l’industrie qui s’est créée autour de l’acheminement du bois de rose, depuis la forêt jusqu’aux ports de la côte, permet à la population locale de survivre.
Les troncs sont acheminés vers la rivière Iagnobé à la force des bras avant d’être accrochés à des chambres à air de camion pour descendre le fleuve jusqu’à l’océan. Aucune grume ne franchit le village d’Antanandavehly sans avoir été au préalable déchargée, pesée et stockée dans le sable de la rive pendant plusieurs semaines. Les trafiquants disposent ici d’employés fidèles qui vérifient en amont les cargaisons et rémunèrent les forçats de la réserve.

Outre la manne financière que représente cette activité, l’extraction illégale de bois précieux dans les forêts millénaires de Madagascar alimente surtout la corruption de l’élite politico-administrative d’Antananarivo et est bien évidemment catastrophique pour le système écologique de la région toute entière. «Pour sortir un arbre, il faut couper ceux qui sont autour avec leurs cortèges de lianes et autres plantes inféodées, tracer une route jusqu’à la rivière. Dans un second temps, ces sentiers ouvrent la voie à d’autres trafics. Comme celui des pierres précieuses dont le sous-sol de Madagascar est si généreux», explique Aro Vonjy Ramarosandratana, le chef du département de botanique de la Faculté des sciences d’Antananarivo.

Embarquées à cap Est, surnommé «Port Bolabola», les essences précieuses prennent la mer en direction de la Chine, via la région administrative de Hong Kong.

Chine

(Suite) Des villages pauvres de la réserve naturelle malgache de Masoala aux faubourgs de Xianyou, ville nouvelle de la province de Fujian, en Chine, Michael Zumstein a remonté la filière du trafic de «Bolabola», le bois de rose. 

Dans le Palais du Meuble de Xianyou, réplique de la Cité Interdite, M. Huang Fuhua pose fièrement devant un immense panneau sculpté en bois sombre de Madagascar d’une valeur de 700 000 euros. Le directeur général de Sanfu Classical Furniture Craft possède plusieurs usines et de nombreux showrooms dans la ville. Il tire profit de matières premières provenant du Laos, d’Inde et de plus en plus d’Afrique et de Madagascar.

Dans la «rue du bois», ses équipes travaillent en atelier sur les essences précieuses et font aujourd’hui de Xianyou le premier centre de fabrication de meubles traditionnels en Chine.

L’appétit des riches acheteurs semble sans limites et en dix ans, la Chine a multiplié par dix le volume d’importation de bois de rose. En 2012, ce chiffre atteint 757 000 mètres cubes.
Pendant ce temps, les forêts de Masoala continuent d’être pillées, entrainant un désastre écologique dont nous n’avons pas fini de voir les conséquences.