Ghana. We Shall Meet Again, 2019
« C’est à travers le très beau livre que Paul Strand a consacré à ce pays, que j’ai découvert le Ghana. Ce fut un choc et je me suis dit qu’un jour moi aussi j’irais découvrir et photographier ce pays.
Après la sortie de mon livre Fils de roi, publié aux éditions Gallimard et entièrement consacré à l’Égypte, il était temps pour moi de renouveler ma source d’inspiration, d’aborder d’autres paysages, d’autres façons d’être, et j’ai décidé de partir pour découvrir l’Afrique subsaharienne, puisque c’est ainsi qu’on doit appeler désormais l’Afrique noire, pourtant un beau nom.»
Denis Dailleux est célèbre pour le portrait inédit et passionné de l’Égypte qu’il élabore depuis plus de quinze ans. En quête de nouveaux espaces de création, il se rend aussi régulièrement au Ghana depuis 2009. Les pêcheurs du port de James Town, ancien quartier d’Accra, la capitale, sont devenus l’un de ses sujets favoris. Il trouve au sein de cette communauté une source d’images fortes : marines aux ciels changeants, ballets des pêcheurs, vie des femmes et des enfants qui travaillent sur le port… Il y explore de nouvelles relations au corps et à l’espace, à la vie et à la mort, à la religion, à la mer, qui renouvellent sa photographie. La sérénité, l’évidence picturale de ses images réenchantent un monde et des territoires aujourd’hui menacés et sont, à ce titre, d’autant plus précieuses.
« C’est avec les pêcheurs de Jamestown que j’ai connu mon premier choc au Ghana. J’ai été happé par ces scènes aussi fortes que celles qu’on trouve dans certains tableaux anciens, ces lumières aussi de bord de mer, éblouissantes et qui transforment parfois les hommes en silhouettes. J’ai aimé, après la pudeur égyptienne, la belle et libre nudité des corps ghanéens. Pour un photographe, ces corps sont un don. Et puis la rencontre de mon ami Joseph m’a permis de découvrir son village dans la région d’Ashanti. Mais le Ghana n’est pas un pays facile à apprivoiser. Il m’a fallu m’y reprendre à plusieurs fois, y aller, y revenir. Lors de mon dernier voyage, mon obstination s’est trouvée récompensée : j’ai découvert un village au pied du lac Volta où j’ai fait de très belles rencontres et peut-être mes meilleurs portraits, le fou du village, des enfants et encore une fois des pêcheurs qui vivent sans électricité à deux pas d’une station touristique. J’aime ce sentiment de découverte perpétuelle qui me ramène à l’enfance et que j’essaie de vivre comme une naissance éternellement renouvelée. »
Denis Dailleux