La mort de Watu, 2023
Le 5 novembre 2015, l’une des plus grandes catastrophes écologiques a eu lieu au Brésil. Le barrage de Fundão, situé dans l’État du Minas Gerais, a cédé, provoquant une coulée de boue toxique qui a dévasté la vallée du Rio Doce. Huit ans plus tard, les effets de ce drame sont toujours ressentis par la population locale tout au long du fleuve, de sa source à son estuaire.
En plus de tuer 19 personnes, dont 11 mineurs qui travaillaient sur le barrage lorsqu’il s’est effondré, c’est plus de 40 millions de mètres cubes de boues et de déchets miniers toxiques qui se sont déversés dans la rivière Doce, détruisant complètement le village de Barra Longa et atteignant l’océan Atlantique à plus de 650 km de là. La contamination a touché l’eau, le sol et l’air dans toute la région, laissant la communauté indigène Krenak orpheline de « Watu Nek », la divinité vénérée qui leur apportait eau, nourriture et subsistance.
La boue, en effet, était constituée de résidus miniers hautement toxique, contenant des métaux lourds tels que le plomb, le mercure et l’arsenic. L’eau du Rio Doce est devenue inutilisable à la fois pour la consommation, la pêche et l’irrigation. Les poissons et autres animaux aquatiques ont été décimés.
Les populations locales, notamment les communautés indigènes Krenak, Quilombo, Tupiniquins, Guarani et Pataxó, ont toutes été privées de leur source d’eau potable et exposées à des risques sanitaires. En contaminant le sol et les eaux souterraines, ce sont des effets à long terme sur l’environnement et la santé des personnes qui sont à envisagés.
De ce fait, les habitants des rives ont dû s’adapter, modifiant leurs moyens de subsistance (de la pêche à l’élevage et au maraîchage) et dépendant souvent de l’approvisionnement en eau potable.
Les autorités brésiliennes ont pris des mesures pour remédier à la pollution. Elles ont construit un barrage pour contenir les résidus miniers et lancé un programme de nettoyage des rivières.
Aussi, des programmes de réparation et d’indemnisation ont été mis en œuvre par la Fondation Renova, créée en 2016 par Samarco et ses actionnaires (BHP et vale), qui a financé plus de 6 milliards de dollars de relogement, de réhabilitation et d’indemnisation pour les personnes touchées par la catastrophe.
Malgré ces efforts, plus de 720 000 Brésiliens poursuivent aujourd’hui BHP, le plus grand groupe minier au monde en termes de valeur boursière et copropriétaire de Samarco avec la société brésilienne Vale. Ils réclament des dommages et intérêts pouvant atteindre jusqu’à 36 milliards de livres sterling, soit 46 milliards de dollars. Le procès aura lieu à Londres, où BHP, société anglo-australienne, est enregistrée.