Tchad, le dérèglement climatique, 2021
La région du Kanem au Tchad – et plus largement le sud du Sahel – subit de plus en plus violemment les effets de la sècheresse et la situation de stress hydrique qui en découle. Y maintenir une vie agraire est un véritable défi pour les collectivités, qui doivent trouver des moyens de s’adapter à des conditions en perpétuel changement.
Le photographe Ferhat Bouda est parti à la rencontre de familles de la région du Kanem pour témoigner de leur quotidien. Sècheresse grandissante, avancée perpétuelle du désert, appauvrissement des cultures et raréfaction des points d’eau : les problématiques sont multiples. Bouleversé par les conditions de vie des communautés locales, il témoigne de l’extrême précarité de ces populations:
« J’ai été dans une famille où une mère m’avait donné son accord pour faire des images. Je voulais la photographier en train de donner à manger à son enfant. Lorsque je suis arrivée chez eux, je l’ai senti réticente. Pensant que sa gêne était due à la situation, je n’ai pas insisté et suis reparti, sans images. J’ai appris ensuite que son malaise venait du fait qu’elle n’avait absolument rien à donner à manger à son fils. »
Cette série a été réalisée dans le cadre du projet Poussières – Le Dérèglement climatique, en partenariat avec Action contre la Faim, pour témoigner des effets du dérèglement climatique sur la faim dans le monde.
Dans l’ouest du Tchad, les ouaddis sont des oasis de végétation en plein désert où une agriculture maraîchère se développe. Leur ensablement ainsi que celui des cours d’eau, et l’augmentation de la sécheresse, rendent difficiles le maintien de la vie agraire dans cette région du Sahel.
Les Douirettes sont des femmes qui ramassent les algues du lac. Elles les filtrent et les sèchent pour en faire une pâte, qui est ensuite vendue ou troquée contre des denrées de première nécessité.
Allaoua Fatima, âgée de 2 mois et victime de malnutrition, est gardée par une voisine alors que sa mère est hospitalisée dans une autre unité. Elle n’est jamais sortie de l’hôpital depuis sa naissance.
En 2020, 699 enfants atteints de malnutrition ont été admis à l’hôpital de Mao. Des campagnes de dépistage sont régulièrement organisées dans les villages alentours.
Le ouaddi de Mao Moto fait vivre 23 familles grâce à la vente des fruits et légumes cultivés.
L’école n’est pas obligatoire au Tchad, et dans la région, les opportunités de travail sont rares. Beaucoup de jeunes quittent donc leurs familles dans l’espoir de changer leur situation, et partent en quête d’or au nord du pays. Malheureusement, nombre d’entre eux y laissent leur vie, les accidents dans les mines étant fréquents.
L’accès à l’eau est l’un des principaux problèmes dans la région. Dès que le réservoir du village est plein les familles doivent faire des réserves, au risque de vivre plusieurs jours sans eau.