Sur la route des migrants subsahariens, 2016

Michael Zumstein a suivi la route des migrants subsahariens qui, par milliers, quittent leurs pays et entament un long et dangereux périple : de Banjul (Gambie) en passant par Agadez (Niger), jusqu’aux côtes libyennes.

Longtemps la Libye est apparue comme un eldorado pour les Africains. Sénégalais, Gambiens, Maliens, Nigériens, ils venaient de toute l’Afrique pour se constituer un pécule dans ce pays riche, s’installer sur place ou essayer de passer en Europe depuis une plage libyenne jusqu’en Italie. Tout y était bien organisé, le travail comme les trafics.

Mais après la chute de l’ancien dictateur Kadhafi, qui tenait à accueillir et à manipuler cette main d’oeuvre, la situation a changé. On ne veut plus s’attarder trop longtemps dans ce pays devenu soudainement pauvre suite à la baisse de la production de pétrole. Les milices armées qui y pullulent harcèlent et rançonnent ces migrants que Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, estime à 800.000 sur le sol libyen.

Passeurs, conducteurs, douaniers, policiers, hôteliers, placeurs, ce sont des centaines de personnes qui tout au long de leur périple jusqu’à la Libye, taxerons, arnaqueront ou emprisonneront les volontaires au départ.

Comme à Agadez au Niger où pour des raisons de sécurité, l’industrie du tourisme s’est écroulée, c’est un autre business qui s’est développé. Celui du transport de migrants à travers le désert. Sans pitié. Celui qui tombe du pickup où se sont entassées 30 personnes, sera abandonné dans le désert.
Un pochon en plastique contenant quelques papiers et un numéro de téléphone, un bidon d’eau, deux blousons enfilés l’un sur l’autre pour affronter le froid nocturne du désert, des lunettes de soleil contre les tempêtes de sable, hommes femmes et adolescents s’embarquent avec un équipement dérisoire pour traverser les 3000KM de désert.

En Gambie, on quitte son foyer pour prendre le Backway parce que le salaire est trop bas pour faire vivre des familles nombreuses qui ont déjà délaissées leurs terres trop pauvres pour les nourrir. Alors les prétendants au départ s’endettent et par honneur ne peuvent renoncer à la traversée. Même si sur un léger bateau Zodiac et sans essence, ils n’ont que très peu de chances de rejoindre l’Italie.

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