SQR / Banlieues de Rome, 2019
Aujourd’hui, 15 millions de personnes vivent dans la banlieue italienne. Territoires situés à la périphérie des villes, dont les problèmes de vie sont principalement dus au manque d’infrastructures ; à l’occupation illégale des bâtiments et au déversements illégale des déchets. La périphérie des principales villes italiennes est souvent synonyme de délabrement social.
Rome a été parmi les premières villes d’Europe à édifier des banlieues. Conçues et construites dans les années 20, celles-ci ont progressivement empiété dans l’après-guerre sur les terres agricoles. De fait, Pasolini définissait la périphérie romaine comme « la couronne d’épines qui entoure la cité de Dieu ». À partir des années 1950, les politiques d’urbanisme se sont recentrés sur la question du logement social, essayant de combattre la hausse du taux de chômage, construisant de nouveaux logements en périphéries des villes. À partir de la seconde moitié des années 70, lorsque le secteur privé de la construction est entré en crise et que l’inconfort du logement s’est aggravé, l’administration municipale a déclenché un programme d’investissement massif ayant pour but la relance de la construction de logements sociaux.
Mal connectée au cœur de la ville mais totalement dépendante de celle-ci pour de diverses fonctions, la banlieue n’a cessé de croître isolée au cours des dernières décennies. La ville s’est finalement développée sans contrôle, devenant un lieu de malaise économique et social, caractérisé par la marginalisation, la violence et, souvent, occupé par différentes mafias locales. La crise économique de 2008 a accentué de façon exponentielle ces difficultés sociales.
Pier Paolo Pasolini écrit dans les années 60 : « Rome serait la plus belle ville du monde si, en même temps, ce n’était pas la ville la plus laide du monde. Naturellement la beauté et la laideur sont liées : cette dernière rend l’ancienne pathétique et humain, le premier fait oublier le second ».