Scrapmetal, 2010
Perdu au milieu de nulle part, dans le désert de Mojave, c’est ici que le rêve américain prend fin. À 10 kilomètres de la première bourgade, au bout d’une piste de terre, une casse à ciel ouvert est le dernier lieu de résidence pour les fleurons passés de l’industrie automobile américaine qui ne sont déjà plus que des amas de métal. Le terrain, de plusieurs kilomètres carrés, est délimité par les voitures elles-mêmes, concassées et broyées. On n’entre pas comme on veut dans ce lieu insolite. Il faut attendre que le gardien des lieux pousse la barrière… C’est d’ailleurs la seule chose que ses employeurs lui demande de faire contre un mobile-home et un peu d’argent pour se nourrir. Le couple qui vit là était sans-abris avant de venir s’installer en plein désert. Pour leurs déplacements, ils utilisent une des seules voitures encore en état de marche. La vie est rythmée par le ballet des semi-remorques qui viennent décharger les carcasses de voitures, toutes Américaines. Certaines d’entre elles datent des années 1970. Venus des casses de Los Angeles, les chauffeurs déposent eux-mêmes les épaves sur la bordure du terrain, formant ainsi le mur d’enceinte de la casse. Ces voitures mythiques, posées les unes sur les autres, créent une fortification, comme dans l’attente d’une hypothétique attaque. Dans ce Far-West qui reste figé dans le sable du désert, l’industrie automobile américaine porteuse des mythes de tout un pays semble s’être créé un véritable cimetière.