Persan-Beaumont, 2018
Une immersion dans une cité de banlieue à la fin des années 1980
Réalisée à partir de 1987, cette série de portraits en noir et blanc, commence par une rencontre dans le train :
« C’est en rentrant de mon village où, durant l’été, j’avais photographié les habitants et ma grand-tante Juliette que j’ai fait la connaissance dans le train Corail des garçons de la cité « Le Village » de Persan. Ils étaient une dizaine et avaient passé quelques jours de vacances aux Sables-d’Olonne. Ils déambulaient de wagon en wagon avec un radiocassette qui diffusait du rap sans que personne ne les interpelle. Je leur ai montré les images de Juliette et je me souviens qu’en les voyant ils ont dit « Classe ! ». Et c’est à ce moment précis que je leur ai demandé s’ils étaient d’accord pour que j’aille les rencontrer dans leur cité. C’est Coco qui m’a donné son numéro de téléphone. À cette époque on parlait très peu des problèmes de banlieue mais ce n’est pas sans une petite appréhension qu’au début de l’automne 1987 je me suis enfin décidé à appeler Coco. Il m’a donné rendez-vous le dimanche suivant à la gare de Persan-Beaumont. Bientôt, j’ai su que je tenais quelque chose. Comme une révélation photographique qu’autorisait le lâcher prise des enfants face à mon objectif.»
L’immersion de Denis Dailleux à Persan, commune du Val d’Oise, va durer cinq ans. Les longues séances de poses qu’il mène avec les jeunes du quartier ne seraient sans doute plus possibles aujourd’hui sur ce territoire où la situation était déjà tendue.