Paysages de campagne, France, 2007
La campagne présidentielle est rythmée par les meetings électoraux, lieux de rencontre entre les médias, les candidats et leurs militants. Les candidats exposent leurs programmes, ils sont éclairés, positionnés, adoptent des formules et des gestuelles qu’ils répètent au cours de la campagne. Ils fabriquent, pendant la temporalité condensée d’une campagne électorale, une image étudiée d’eux-mêmes. En dehors des formules, des attitudes et du vocabulaire de campagne, ils choisissent des lieux, des dates et des mises en scène qui font sens : un gymnase de Beauvais pour Arlette Laguiller, le Gymnase Japy de Paris pour le lancement de campagne de l’éphémère candidature de Jean Pierre Chevènement, le Palais des Congrès de Lille pour François Bayrou. Chaque rencontre entre un candidat et ses militants est mise en scène à la manière d’une pièce de théâtre : Ségolène Royal se place au centre de la scène pour ses « débats participatifs », François Bayrou s’entoure d’une estrade de jeunes militants et d’élus locaux pour son discours de lancement de campagne, Nicolas Sarkozy est seul sur scène, entouré d’écrans géants.
Le projet « paysages de campagne » a pour but d’interroger les mises en scène de la campagne électorale : en travaillant à la chambre grand format, en photographiant les paysages complexes formés par la scène, les candidats, les militants et les éclairages, en contournant les gros plans photographiques aujourd’hui trop usé, ces images veulent parler de la manière dont les candidats se montrent, des lieux dans lesquels ils se montrent, et de la manière dont ils sont regardés. Ce travail parle enfin des territorialités dans lesquelles s’inscrivent les différents candidats et de l’écart des moyens financiers dont chacun a disposé pendant la course à la présidentielle de 2007.