Nounous du Norland College, 2019
Bénéficier des services d’une nounou d’exception pour sa progéniture est considéré comme un véritable privilège, voire un signe de extérieur de richesse, au même titre que la collection de voitures de luxe ou l’accumulation de résidences secondaires.
Ces nurses d’élite sont formées de façon quasi exclusive depuis 1892 à Bath dans le Sommerset, dans l’enceinte du prestigieux Norland Collège. Cette vénérable institution, fondée par Emily Ward à l’époque victorienne, a su créer une image de marque qui s’est rapidement attirée les faveurs des aristocrates, de la famille royale britannique, puis de la haute bourgeoisie internationale, des oligarques et des cheiks.
Si les élèves nounous portent aujourd’hui encore le même type d’uniformes de leurs prédécesseurs du siècle passé, à quelques modernisations près, leurs attentes n’en sont pas moins considérablement différentes. Les nounous du Norland s’engagent à suivre un cursus de trois ans, probablement motivées par la promesse d’un salaire élevé en compensation du dévouement et de l’isolement que peuvent accompagner leur futur service au sein d’une famille.
Norland Collège choisit avec soin ceux qui seront ses futurs représentants parmi des prétendants issus de la génération Z et de la classe moyenne. Les hommes viennent désormais grossir des rangs autrefois strictement féminins (depuis 1999 et 2012 pour le premier diplômé).
Bien qu’établie de longue date, l’institution adapte sa pédagogie aux exigences contemporaines des grands de ce monde : la formation propose des cours de cuisine, de couture, de psychologie de l’enfant mais aussi de cybersécurité .
Cette série documente l’héritage de l’école, mais surtout son identité actuelle : à savoir les motivations et les aspirations de ceux qui souhaitent aujourd’hui devenir “nounou de Norland”, de cette jeunesse ultra connectée qui s’apprête à revêtir un manteau victorien et suivre une formation à l’exigence quasi-militaire.