Le Mouvement des Sans-Terre, 2022
Le Mouvement des travailleurs sans terre (MST), fondé en 1982, a trois objectifs : lutter pour la terre, pour la réforme agraire et pour le changement social dans le pays. Le Brésil est l’un des pays où la concentration de terres est la plus élevée au monde ; c’est aussi le territoire où se trouvent les plus grands propriétaires terriens. La concentration et l’improductivité ont des racines historiques qui ont jeté les bases de l’inégalité sociale du pays qui persiste encore aujourd’hui.
Selon le dernier recensement agricole du Brésil, réalisé en 2017, seulement 1 % des propriétaires terriens environ contrôlent près de 50 % des zones rurales du pays. La lutte pour une réforme agraire populaire, principale cause dans les zones rurales, consiste en une redistribution massive des terres aux paysans. Elle vise à démocratiser la propriété de la terre en en garantissant l’accès et en la confiant à tous ceux qui veulent la travailler pour la rendre productive. Pour ce faire, l’occupation des terres est la forme de lutte la plus répandue. Une fois le territoire occupé, le mouvement entame une lutte juridique avec l’INCRA (Institut national de la colonisation et de la réforme agraire) pour obtenir les droits légaux sur ce territoire et devenir une colonie.
Hérité des luttes paysannes du XIXe siècle, le mouvement MST fondé en 1982 n’a fait que se renforcer jusqu’au début du XXIe siècle. Cet essor a été rapidement stoppé en 2016 par la plus grave crise économique et politique de l’histoire du Brésil.
Notes du carnet de voyage de Francisco Proner :
« Je suis allé dans la région de Cascavel à la rencontre des sans-terre. Début février 2022, j’ai commencé à documenter ces campements :
Dans l’une de ces petites cabanes construites avec des bâches et des morceaux de bois enfoncés dans la boue, Manoel ouvre un petit espace sur le sol de son salon pour m’accueillir. L’agriculteur sans terre cherche chez son voisin un poulet qu’il veut préparer pour le dîner. Sans eau courante, sans électricité et sans gaz de cuisine, il cherche aussi du bois dans la brousse pour allumer le poêle. Manoel vit la vie typique d’un camp de sans-terre, passant des années, voire des décennies, à vivre une vie simple et précaire dans l’attente d’une victoire juridique. Le campement Encontro das Aguas, coincé entre les exploitants forestiers et les grands propriétaires terriens, se trouve à quelques centaines de kilomètres de Cascavel, le berceau du mouvement des travailleurs sans terre. »
15 février 2022