Les forçats du Guano au Pérou ( îles Chincha ), 2014
Fruit d’un phénomène tout à fait particulier, le guano était autrefois surnommé « l’or blanc » de l’Amérique du Sud. Mue par les courants de l’océan Pacifique, une importante quantité de petits poissons vient se concentrer sur la côte péruvienne, devenant ainsi la principale source d’alimentation des milliers d’oiseaux marins vivant sur les îles Chincha.
Le guano, produit par l’accumulation des excréments de ces oiseaux, est un extraordinaire engrais biologique. C’est la raison pour laquelle, en 1845, l’Angleterre et les États-Unis commencèrent à l’exploiter. Aujourd’hui, le gouvernement péruvien exploite encore une vingtaine d’îles le long de la côte du pays.
La majorité des hommes qui travaillent pour ces récoltes vient d’une même communauté de la cordillère des Andes (Ancash). Pour pouvoir récolter tout le guano, ils sont obligés de séjourner sur l’île pendant toute la période de la récolte. À chaque saison, ils installent leur campement sur une île différente. Afin que l’exploitation soit rentable, il faut attendre environ une dizaine d’années pour qu’une quantité suffisante de Guano se soit accumulée sur une île.
Aujourd’hui, le gouvernement péruvien n’exporte plus directement le Guano, mais celui-ci est utilisé dans les cultures agricoles biologiques du pays dont la production sera exportée par la suite.
Sur l’île, on a la sensation de voyager dans le temps. Le travail n’est pas réalisé par des machines mais uniquement grâce à la force humaine. Chaque exploitation compte environ 200 hommes, qui grattent le Guano et le mettent dans des sacs. Une fois sur le continent, le guano ne subit aucun traitement, si ce n’est un passage au tamis qui élimine les plumes et les cadavres des oiseaux morts. Les conditions de travail sont très dures : la journée commence à 4h du matin et se termine vers 12h, afin d’éviter les fortes températures qui peuvent grimper jusqu’à plus de 35 ºC dans la journée. La chaleur, la poussière, l’effort physique, l’isolement…depuis des générations, les modalités de l’exploitation du guano au Pérou n’ont pas changé.