La pesanteur du lieu, 2017
Israel Ariño a séjourné deux mois au domaine de Kerguéhennec en Bretagne lors d’une résidence d’artiste. Dans la région, on raconte qu’une ancienne maison, perdue dans le domaine, n’apparaît qu’à la nuit tombée. Il part à sa recherche. La nuit s’avère propice aux révélations et aux métamorphoses. Ses yeux s’habituent peu à peu à l’obscurité et devinent d’autres dimensions, des densités et des temporalités nouvelles, aux limites de la rationalité.
La pesanteur du lieu est une promenade nocturne, une déambulation onirique. Israel Ariño y livre une constellation de visions sensuelles et mentales, sentimentales peut-être. Ses photographies sombres et veloutées donnent corps à l’obscurité, invoquant et saisissant le surgissement des choses qui se manifestent dans la nuit, par-delà l’ordinaire, dans un ordre bouleversé du monde. Elles appartiennent à l’univers du merveilleux, comme un conte où le surnaturel se mêlerait à la réalité. Il était une fois… un sous-bois obscur, un cristal étrange, des antilopes figées en plein saut, un sein offert, une chouette ébahie, une maison aux fenêtres luisantes.
La série, imprégnée d’un sentiment de mystère ouvre un seuil perceptif aux découvertes, aux signes et aux apparitions, laissant le lecteur suspendu, sur le fil, sur le point incessant de sombrer dans l’hallucination.