Kurdistan, vivre sous les arbres
Au nord d’Erbil, dans la vallée de Barzan, dans les alentours de la ville d’Aqra ou encore dans les premiers contreforts des monts Zagros qui séparent l’Irak de l’Iran, tout près du lac de Dukan, la région autonome du Kurdistan irakien a peu à voir avec les autres régions du pays, administrées par le gouvernement central de Bagdad.
La région est montagneuse, et si elle offre une cachette de choix aux forces du PKK, allié de Bagdad contre l’État Islamique (mais considéré comme une organisation terroriste côté turc), elle façonne aussi le rapport des hommes à la nature.
Ici, chaque arbre a une histoire et chaque village entretient ses mythes et légendes autour des arbres. Dans chaque village, un arbre sert de lieux de rencontre. Les branches des barous (les grands chênes kurdes) offrent ainsi cabanes et balançoires aux enfants lorsque les familles se retrouvent pour pique-niquer ou fêter Newroz (le Nouvel An kurde).
Et les anciens se souviennent des noms des bergers qui ont planté ces arbres pour permettre de trouver un peu de fraîcheur sous les feuilles lors des longues journées de travail.
Pourtant, les bombardements et l’abattage illégal mettent en péril les arbres du Kurdistan et les traditions centenaires qui leur sont liées. Depuis 2014, le Kurdistan aurait perdu 20% de sa végétation.
Hiên Lâm Duc se rend au Kurdistan Irakien depuis maintenant 30 ans pour témoigner des grands bouleversements de la région. Il a ainsi tissé des liens intimes avec les habitants et a pu, au cours de nombreux voyages, documenter le fabuleux rayonnement des arbres du Kurdistan.