Jusqu’à ce que le maïs repousse, 2019-2021
Le changement climatique détruit les récoltes de centaines de milliers de petits agriculteurs, alimentant une crise humanitaire : au Guatemala, un enfant sur deux souffre de malnutrition chronique, le taux le plus élevé en Amérique latine et dans les Caraïbes. Plus de quatre millions de personnes ne bénéficient pas d’une alimentation adéquate dans le pays, affectant principalement les communautés indigènes mayas, gardiennes de la culture du maïs.
Cette histoire nous emmène à travers les villages dans le « couloir de la sècheresse », où les taux de malnutrition chronique atteignent 80% de la population. Mon intention avec cette série était de plonger dans la réalité quotidienne des personnes vivant dans un endroit où la nourriture est rare et de tenter de comprendre les racines du problème et ses répercussions.
La région a subi une sécheresse prolongée de six ans, laissant la terre appauvrie et vulnérable à des phénomènes climatiques extrêmes tels que des tempêtes, des inondations et des vagues de chaleur. Les ouragans Eta et Iota en 2020 ont détruit 700 000 hectares de cultures et ont causé le déplacement de 339 000 personnes. D’autre part, la malnutrition découle aussi des inégalités structurelles dans le pays : des villages sans eau, sans électricité, sans routes, avec un système de santé et d’éducation faible. La malnutrition est également synonyme d’inégalité et d’abandon de la part de l’État.
Les répercussions sont à long terme. Les enfants souffrant de malnutrition chronique subissent des limitations physiques et cognitives, irréversibles à partir de l’âge de deux ans, d’où le surnom de « tueur silencieux » pour cette maladie. Ce projet, développé sur trois ans, cherche à rendre visible cette réalité et à montrer comment le changement climatique et les conditions socioéconomiques alimentent la migration, entraînant des milliers de personnes à fuir vers le nord, pour échapper à la pauvreté et à la faim.