Hors Cadre, 1993
Sous la clarté d’un néon, une main tendue effleure des doigts la coiffe d’une femme, le regard en coin, l’un des personnages de La Diseuse de bonne aventure, peinte par Georges de La Tour il y a trois siècles. Plus de dix années durant, Gérard Rondeau a photographié les coulisses des musées et des grandes expositions. Tableaux et sculptures surgissent enveloppés, enrubannés, en position, parfois délicates ou incongrues – toujours surprenantes. Ici, dans un halo de lumière, là, découpée à contre-jour, est saisie dans un éclair de grâce, l’essence des formes, celle qui façonne les chefs-d’œuvre. Ces instants photographiques, sans donner dans la facilité de l’anecdote, nous offrent une vision vivifiante du musée, espace où se tisse en silence cet échange si trouble, teinté d’admiration, d’interrogations, mais aussi d’indifférence entre les œuvres et le regard des hommes. Par le passé, certains ont pu déclamer leur hostilité à l’encontre du musée. Bien au contraire, dans ces 135 photographies s’égrènent en filigrane la poésie du lieu et le plaisir d’y perdre nos pas…