Frantz Fanon, 2013
« Lorsque je me suis rendu pour la première fois en Martinique, où ma femme est née, j’ai ressenti une troublante proximité, quelque chose de familier. Les voyages qui ont suivi n’ont fait que confirmer ce sentiment.
Même si ce détour était fort éloigné de la France et de l’Algérie, il m’est apparu comme essentiel dans la quête identitaire que j’ai entreprise depuis longtemps.
C’est C., mon épouse, qui la première m’a parlé de Frantz Fanon. Je ne connaissais rien de lui si ce n’est que l’hôpital de Blida, en Algérie, porte son nom. Après nos discussions, il m’a semblé évident qu’il fallait m’intéresser à son parcours, lui qui quitta sa terre natale pour de lointains pays, dont l’Algérie.
Cette série d’images a été effectuée en plusieurs lieux, illustrant précisément les détours de Frantz Fanon.
En Martinique où il est né. En Algérie, à Alger, à l’hôpital de Blida où il travaillait, et dans la région d’Aïn Kerma où il est enterré. Frantz Fanon avait émis le souhait d’être inhumé en Algérie, mais celle-ci étant encore française et lui en disgrâce auprès des autorités, cela s’avéra impossible. Il fut donc enterré à Aïn Kerma, alors située sur le territoire tunisien. Hasard de l’histoire, un redécoupage des frontières en 1965 redonna la localité à l’Algérie.
En Tunisie, où il résidait quand il fut expulsé d’Algérie et où il collaborait à l’organe central de presse du FLN, El Moudjahid. Au Ghana, où il fut envoyé par le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) comme ambassadeur auprès du gouvernement ghanéen, dirigé alors par Kwame Nkrumah (premier président du Ghana indépendant). »
Bruno Boudjelal