August Song, 2019
Martin Bogren a photographié durant plusieurs étés les bals dans la campagne suédoises et nous livre un récit intimiste et vertigineux qui condense en quelque sorte l’affirmation sensible de ses visions subjectives.
On le suit avec fascination : elle s’immisce, lentement d’abord, cette chanson d’août, entre les photographies. C’est l’été, il n’y a pas de doute. À la tombée du jour, alors que le soleil s’abat sur les arbres, les hommes et les femmes entrent doucement en scène. Déjà, au milieu de la campagne les couples se font et se défont, les corps impatients s’attendent ou se rassemblent.
C’est le bal. La nuit peut bien tomber, le temps peut bien passer, plus rien n’importe d’autre que l’ivresse de l’alcool, des enlacements, de l’attente fébrile, des baisers échangés ou espérés.
Alors la fièvre gagne, tout semble s’accélérer, étreintes, vapeurs d’alcool, corps à corps. Le vertige l’emporte, et l’on tournoie, grisé avec le photographe au milieu des nouveaux amants, des danseurs dans la lumière, des yeux brillants des femmes, des amis ivres morts…
Comme une allégorie bouleversante de l’urgence à vivre avant que tout ne se consume et à s’abandonner à l’amour, à se perdre dans les bras de l’autre, cette série de Martin Bogren dit la manière d’être intense d’un photographe qui s’en remet au monde.
Caroline Bénichou