Ainsi était 2020
« Le 12 Mars 2020, je suis rentré en Allemagne après avoir travaillé sur un reportage en Algérie. Deux jours plus tard, notre monde semblait s’être effondré, en quarantaine mondiale à cause du Coronavirus. Dans la plupart des pays, le choix a été fait d’un arrêt total de l’activité et d’un isolement strict de toute la population.
En Allemagne, les restrictions ont été moins drastiques et nous avions encore la liberté de nous promener dans le cadre de la réglementation. Face à ce traumatisme général, j’ai eu le sentiment qu’il fallait arrêter de regarder les informations en continu et plutôt tenter de travailler et de témoigner. J’ai commencé à photographier Francfort, en espérant réussir à accéder, en vain, aux hôpitaux et cliniques, où tout se jouait, et rendre compte de la situation sur place. J’ai donc pris beaucoup de photos dans la rue où j’ai découvert des situations effrayantes et tristes mais aussi drôles, belles et touchantes.
Cette idée et mes déambulations ont donné naissance à un petit livre avec des mots, des photos et des peintures, pour compléter ce que je ne pouvais pas capturer par la photographie, notamment mes émotions et sentiments. La notion de réalité a changé pendant cette période, je ne pouvais pas dire ce qui était réel et ce que j’imaginais à travers les informations et mon travail. Mon journal intime est devenu un objet polymorphe, articulé entre des textes et des images, qui m’a permis de gérer la situation à mon échelle. »
Ferhat Bouda