Camden, New Jersey, 2010
Absurde, je n’ai fait que chercher sur le web la ville la plus dangereuse des USA. Je voulais trouver cette étrange énergie dégagée par des lieux où les règles et les contraintes sociales ont été abolies ou affaiblies. Ou peut-être voulais-je vérifier qu’il est encore possible d’atteindre d’autres personnes, aussi distantes et étrangères qu’elles puissent paraître.
En haut de la liste, j’ai trouvé Camden, dans le New Jersey, à moins de deux heures de New York. Là, j’ai découvert le visage de la pauvreté quotidienne caché derrière les stigmates et les stéréotypes. Les gens sont durs mais leurs rires me touchent, et quand je me suis fait agresser par une prostituée, elle m’a rendu 10 dollars, pour que je ne sois pas totalement bloqué.
Au début, je photographiais des drogués dans la rue pour 2 $ la séance. Et puis j’ai rencontré Supreme, qui me faisait entrer dans des maisons pour 20 $, en parlant gentiment aux habitants.
Je m’intéresse à ce que nous avons en commun avec les gens de Camden. Mais là encore, la photographie est toujours une question de différence. Je me demande s’il y a un intérêt à ajouter du spectacle au spectacle. Peut-être que cela aide à fournir des preuves matérielles sur la machine économique et sociale qui nous avale et nous recrache.