Claudine Doury — Claudine Doury, photographies
Pavillon Carré de Baudouin
121 rue de Ménilmontant– 75020 Paris, France
Du 23 septembre au 26 novembre 2011
Cette exposition rassemble plusieurs séries de la photographe : Sasha (2007-2010) et Les Princes charmants, pour les plus récentes, mais également Artek, un été en Crimée (1999-2003), série qui tire son nom d’un ancien camp de pionniers soviétiques, et enfin Loulan Beauty (2002-2005), traversée de l’Asie centrale.
« Le temps est et sera toujours la matière première de la photographie. Ce constat est, chez Claudine Doury, amplifié par son goût de la transition, du basculement dans des périodes inconnues. De ses premiers voyages à sa proche famille se décline le récit d’un univers harmonieux, spontané, civilisé. Un Éden qui ne serait rien d’autre qu’un musée éteint s’il n’était parcouru d’une subtile inquiétude : combien de temps encore ? Comme une adolescence sans cesse rejouée. Rejouée avec sa série Artek, du nom du dernier camp d’été des enfants de la Nomenklatura russe. Aucune nostalgie de la pompe soviétique dans ce travail au long cours. Plutôt l’incroyable vitalité des étés en Crimée, sur les bords de la mer noire où des jeunes gens et des jeunes filles sont à l’avant-garde de la vie. Décors et uniformes ne soulignent même plus l’anachronisme de ce monde fictif qui disparaît, ils sont le cadre parfait d’un théâtre, la répétition générale que seule l’adolescence saura interpréter. Dans son travail suivant, Loulan Beauty, Claudine Doury se réfère à un ancien royaume situé sur la route de la soie aux confins de l’Asie Centrale et de la Chine. Ici, la référence au temps et à l’histoire est si forte et permanente qu’elle en devient distanciée. Chaque photographie est sourdement empreinte des périodes antérieures et entrevoit l’avenir sous la forme de l’exil. Étrange absence du présent. Enfin Sasha et Les princes charmants, ses deux nouvelles séries, ne rejouent plus la vie. Elles s’attachent aux outils qui fabriquent l’identité et affirment le genre. Avec cette fois la certitude que l’adolescente dépeinte finira par s’échapper. »
Thomas Doubliez