Web Side Story , 2010
Notre société est celle de l’explosion médiatique : entre sons, images et instantanéité, Internet en est devenu le paroxysme. Les nouveaux réseaux sociaux permettent de se connecter avec le monde entier. Partis des sites de Chat, ils arrivent maintenant à la communication vidéo en streaming. Un clic et vous vous retrouvez en face d’un inconnu pris au hasard dans le monde, un autre clic et en voilà un autre. C’est un univers digital créé pas un « digital native » ; ceux qui sont nés avec l’ordinateur, Internet et le numérique. Ils sont habitués à partager publiquement leurs données personnelles, à y exposer leurs vies, leurs photos sur Flikers, leurs vidéos sur youtube, leur musique sur last FM, leur actualité sur facebook, leur instantanéité sur twiter.
Dans la société contemporaine, l’exercice de la liberté est de plus en plus encadré, la place de l’homme de plus en plus objectivée en « producteur consommateur ». On pourrait dire que les formes de libertés « Rousseauiste » sont sacrifiées au profit d’une sécurité « hobbesienne » : celle des radars automatiques, de la vidéo surveillance, du risque zéro.
Cependant, le besoin de risque, d’expériences nouvelles demeure, et toucher à l’interdit permet de vivre d’autres choses, de prolonger son existence autrement. Pour partager l’impartageable, ce que l’on ne peut faire sur facebook par exemple, la technologie de ces nouveaux sites offre un refuge au service de cet anonymat. Un monde sans à priori racial ou social, mélangé au shaker. Cet espace où toucher à l’interdit permet aussi de penser que l’on s’extirpe de notre uniformité. Produit de l’explosion médiatique, ce lieu dont la nouveauté technologique et l’absence de règles assure une liberté éphémère, nous permet d’espérer exister encore une fois et autrement dans le regard de l’autre.
Ce travail sur le fond est une promenade dans cet autre espace public. Un monde impalpable, une flânerie hallucinante dans un quartier numérique aux fenêtres ouvertes et aléatoires sur des visages, des groupes, des solitudes, des phantasmes, des espoirs de rencontres… en fait tout ce que l’on peut trouver un samedi soir dans une boîte de province. Sur la forme, c’est aussi un travail sur le support du média utilisé.