Urbex Rouge, 2019
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin chute et avec lui le bloc URSS.
En Europe de l’Est, les grands bâtiments du communisme déchu sont désertés, pillés, oubliés. Aujourd’hui à l’état de ruines, ces décors à la fois spectaculaires et menaçants, sont restés figés dans le passé, témoins d’une époque.
Du sanatorium secret de Staline en Géorgie à la soucoupe volante de Bouzloudja en Bulgarie, Philippe Brault photographie ses explorations urbaines dans les pas de « soviet fans » nostalgiques, adeptes du brutalisme rouge et de touristes déjantés.
Bulgarie, Bouzloudja
Construit sur un sommet des Balkans en 1981, le monument de Bouzloudja aujourd’hui à l’abandon, incarne le rêve déchu d’édifier un Panthéon du communisme dans le ciel de Bulgarie.
Croatie, Petrova Gora
Monument au soulèvement du peuple de Kordun et Banija.
En démarrant ce chantier en 1974, le maréchal Tito, pris d’une frénésie mémorielle, entendait ici commémorer la lutte des partisans parvenus à se libérer de l’occupation allemande sans l’aide de l’Armée rouge. Cependant, à cause des troubles suscités par la mort de celui-ci en1980, le monument ne fut jamais achevé. Il reste l’un des plus étonnants parmi les nombreux monuments commémoratifs édifiés au cours de cette période en Yougoslavie.
Géorgie, Tskaltubo
Du temps de l’URSS, les sanatoriums étaient pensés comme des lieux de repos, destinés à permettre aux travailleurs les plus modestes de prendre des vacances. En réaction à la décadence consumériste occidentale, l’URSS misait sur un corps et un esprit sains pour une productivité accrue.
La chute de l’URSS en 1991 a entrainé la fermeture de nombreux établissements, la plupart demeurés aujourd’hui abandonnés comme ceux de Tskaltubo en Géorgie.
Moldavie, Chisinau
Le cirque de Chisinau, inauguré en 1981 par les autorités soviétiques, a été le centre des distractions de la capitale moldave jusqu’à la chute du régime communiste.
Mais dans ce pays parmi les plus pauvres d’Europe, le cirque a fini par tomber en désuétude. Ce bâtiment rare porte aussi en lui l’histoire du cirque en Union Soviétique, un art servant à divertir collectivement les masses.
Albanie, Tirana
La pyramide de Tirana, monument pharaonique, inauguré en 1988 juste avant la chute du régime communiste albanais, était destiné à abriter un musée à la mémoire d’Enver Hoxha, qui a dirigé l’Albanie d’une main de fer de 1944 à sa mort en 1985.
Après la chute du régime, le bâtiment a été réutilisé sous diverses formes mais l’animosité de la population albanaise envers ce lieu a persisté, celui-ci subissant régulièrement des dégradations. Un héritage encombrant pour ce lieu appelé de manière ironque « Mausolé d’Enver Hoxha ».
Allemagne, Wünsdorf
Citée abandonnée où sont passés nazis puis soviétiques, le camp soviétique de Wünsdorf, située à 40 kilomètres à l’est de Berlin, est devenu ville fantôme.
La « petite Moscou » a pourtant connu des heures plus intenses quand 75 000 soviétiques s’y sont installés avec femmes et enfants après 1945. Lorsque le Mur tombe, tous sont rappelés chez eux laissant tout en plan: leurs animaux domestiques, leurs téléviseurs, radios et frigos…