Umumalayika, 2010
A Bujumbura, capitale du Burundi, chaque jour de la vie de Francine est une épreuve. Après la mort de son mari, son beau-frère lui a infligé une punition indélébile, en lui coupant les deux avant-bras. Profondément handicapée, elle a aujourd’hui besoin d’assistance pour le moindre geste de la vie quotidienne comme se nourrir ou se laver ; des activités nécessaires devenues difficiles pour Francine, qui avec ce traumatisme a perdu son autonomie.
Cette femme burundaise vit séparée de sa jeune fille Bella, qui étudie au sud du pays, loin de la capitale. Elles se retrouvent parfois pendant les vacances et prennent alors soin l’une de l’autre. Avec un œil généreux, plein de tendresse pour Francine et Bella, Martina Bacigalupo a pu assister de 2008 à 2010 à cette relation exceptionnelle, et capter la complémentarité unique qu’elles ont offert à son regard.
« Umumalayika est, dans sa capacité à accompagner un seul personnage, à l’approcher sans nous transformer en voyeurs mais tout en allant au plus profond de sa vie quotidienne et de ses sentiments, exemplaire de la démarche. Une situation dramatique et révélatrice sur laquelle la photographe porte un regard amical, comme une caresse douce, émerveillée comme nous de cette capacité à aimer la vie, à regarder vers l’avant, à faire le pari de l’avenir après avoir subi la violence dans sa chair. Il ne faut pas y voir une affirmation d’optimisme déplacé, simplement la preuve d’une juste estimation des faits en même temps qu’une belle confiance dans ce que la photographie peut faire partager. »