Ultimo Sur, 2020
C’est en 1938 que la famille de Rodrigo Gomez Rovira s’installe en Terre de feu, au sud du Chili, après la grande réforme agraire. Quarante ans plus tard, la génération suivante s’exile en France pour fuir la dictature de Pinochet. Ce n’est que dans les années 1990 que Rodrigo Gomez Rovira décide de retourner au Chili, à la recherche de ses origines et de l’histoire de sa famille.
Ultimo Sur est un travail hybride qui mêle dans un seul objet l’album de famille crée par le grand-père de l’auteur, retrouvé lors d’un voyage, et ses propres photographies de cette vaste région. On y découvre un milieu agricole laborieux et la vie difficile des éleveurs. Des portraits, témoins d’une époque oubliée, se glissent entre les scènes du quotidien et les paysages sauvages qui s’imposent entre la montagne et l’océan.
« En 1978, lorsque j’avais 10 ans, mes parents nous ont envoyé, mon frère et moi au Chili. Nous vivions en France et ils étaient interdits de séjour au Chili.
Ils nous ont fait faire ce voyage pour que nous puissions connaître notre pays.
Ce fut la première fois que je découvrais la Terre de Feu.
En 1938 mon grand-père, ma grand-mère et leurs enfants se sont installés en Terre de Feu. C’était le début de la réforme agraire au Chili. L’état divisait les grandes exploitations pour les distribuer à de petits producteurs. C’est là que ma famille maternelle a commencé l’élevage ovin qui a été repris aujourd’hui par mon oncle Magallanes Rovira.
Suite à mon premier séjour, j’y suis retourné en 1990.
Depuis j’ai réalisé plus de 20 voyages pour travailler, en famille ou seul.
J’ai adopté ce territoire.
Là où le sud n’existe pas.
Là où la fin du monde n’est pas une métaphore.
C’est l’Ultime Sud.
Les éléments de la nature s’imposent, sculptent le caractère et l’horizon de ses habitants.
J’ai découvert un album familial réalisé par mon grand-père.
C’est cet album qui donna sens à toutes mes photographies prises depuis 30 ans. »
– Rodrigo Gomez Rovira