Tokyo 7, 2012
« Alors que je couvrais l’actualité après le passage dévastateur du tsunami de 2011 au japon, j’ai été totalement fasciné par ce pays, et plus spécifiquement sa capitale, Tokyo. En dépit de l’atmosphère apocalyptique qui y régnait, les Japonais étaient calmes et rassemblés, et ne montraient pas leur douleur personnelle. En tant que ville, Tokyo semblait pratiquement épargnée. Comment les Japonais supportent le chagrin, la solitude et les exigences sociétales ? Par-dessus tout, je me demandais comment les gens de ma génération pouvaient vivre ici. Je savais déjà que je reviendrais à Tokyo pour montrer une facette plus intime de la ville et de sa population. Plus tard, après avoir travaillé pour différents journaux et sur d’autres projets personnels, j’ai commencé à avoir de la nostalgie pour cette transe artistique qui ne peut être ressentie que lors de courtes périodes très intenses pendant lesquelles on ne cesse de photographier. Et je savais que c’est à Tokyo que je devais me rendre. Je reprenais alors contact avec mon ami Jay, rencontré pendant l’après tsunami, et, avec son aide, j’allais rencontrer des jeunes qui rêvent de sortir du carcan traditionnel japonais : avoir son diplôme, trouver un boulot dans une grande entreprise et y passer le reste de sa vie sans aucun moyen ou désir de découvrir le reste du monde. Ces personnes, qui sont devenues des amis, ont, à la différence des générations qui les ont précédées, de nombreux contacts avec d’autres endroits du monde. Ils voyagent et cherchent une vie au-delà de la norme. Mais ils doivent pour cela se battre contre leur propre société et ses archaïsmes. Pendant sept journées très intenses, j’ai photographié sept de ces Tokyoïtes. Ils m’ont ouvert les portes d’un Tokyo dont j’étais loin de soupçonner l’existence. Un Tokyo intime, aimant et honnête. »
-Pieter Ten Hoopen