Deux décennies moscovites à travers cette machine à remonter le temps qu’est l’appareil photographique.
En septembre 1991, Albert & Verzone terminent leur première série, une collection de portraits en noir et blanc, alors que deux semaines plus tôt avait lieu le coup d’Etat qui contribuait à l’effondrement de l’URSS.
Equipés d’un panneau expliquant en russe qu’ils cherchaient des personnes qui accepteraient de poser pour eux, ils ont installé leur appareil grand format dans des endroits stratégiques, des lieux à la signification politique ou culturelle forte, se déplaçant chaque jour pour couvrir un nouveau quartier.
La participation active des Moscovites a fourni un témoignage direct sur la multitude d’identités personnelles et sociales de la capitale. Par leur ampleur, leur unité et leur connotation, ces images ont remis en question l’histoire officielle de Moscou. Demander aux spectateurs de reconstituer cette ancienne capitale soviétique et l’actuelle capitale russe à travers ces personnalités a fait de cette œuvre un repère pour le présent et un retour au passé. La capacité énigmatique des Moscovites à se définir plutôt qu’à se conformer aux attentes les a encouragés à aborder cette dernière série sans idées préconçues. Ils voulaient se laisser guider uniquement par leur regard pour revisiter cette ville et la remettre en question.