Temps vertical, 2013
Temps vertical est une recherche des indices de mon inconscient, aussi bien qu’une recherche sur la lumière et le temps poétique. Le titre de ce corpus fait allusion au temps vertical dont parle Bachelard dans “Instant poétique et instant métaphysique” et le travail est un jeu d’ambivalences qui sèment le doute et la question chez le spectateur.
Je pense que la photographie est une mise en abîme du réel, et donc qu’elle en révèle tous les possibles. Une image est le point où se croisent les multiples entrées du monde. Dans les photographies qui composent Temps vertical se dessinent des paradoxes et l’évidence ouvre à un sens plus profond.
Un miroir embué ne parvient plus à refléter que lui-même, le regard arrêté sur une tasse ouvre à l’infini de la mer, une porte entrouverte ferme le pas à un monde qui n’est que reflet, la mariée s’éloigne vers un futur sombre et blessé, un oiseau déplumé ouvre ses ailes pour un vol impossible.
Je pense qu’ici, le fantastique n’est pas étranger au réel et que dans ces images paradoxales et semées d’oppositions (liquide/solide, ouverture/fermeture, buée qui coupe l’espace, etc) dans ce choc de deux signifiants, il se crée une troisième image, une nouvelle réalité qu’il appartient au spectateur de déchiffrer à partir de sa propre expérience. L’image ici n’explique pas, elle invite seulement à une recréation d’elle-même. Le poème ne dit pas ce qui est mais ce qui pourrait être. Son règne n’est pas celui de l’être mais celui des nouvelles formes du possible. Dans l’invisibilité du visible, dans la visibilité de l’invisible, je cherche à perdre le spectateur pour le renvoyer à lui-même.
Je pense que les images poétiques nous procurent une substance, une entrée dans l’être, un monologue intérieur. Elles sont un signe, une promesse de sens, un mystère à résoudre. Elles nous impliquent dans leur énigme et nous donnent un lieu à habiter.
C’est ce que je veux invoquer et évoquer avec mes images : un lieu intérieur à habiter.