Stone, 1993-2017
Dans les années 1960, Ad van Denderen se trouvait à Beit Yanei, une petite communauté coopérative agricole en Israël, à mi-chemin entre Haïfa et Tel Aviv.
La coopérative comprenait une quinzaine de familles juives arrivées en Israël après l’Holocauste, pleines d’optimisme et d’espoir en l’avenir. Pendant les six mois où Van Denderen est resté, il est devenu membre d’une communauté sociale florissante.
« Les jours saints, nous mangions ensemble, proposions des toasts et partagions des discussions animées sur longues tables dans le jardin ; il y avait une perspective pour l’avenir. Palestiniens et Israéliens travaillaient la terre côte à côte. Il n’y avait presque pas d’animosité. »
Depuis les années 1990, Ad Van Denderen prend régulièrement des photos en Israël et dans les régions de Cisjordanie occupées par Israël. Il s’est de nouveau rendu à Beit Yanei en 2005 et a constaté qu’il ne restait plus grand-chose de la cohésion sociale des années 1960.
La coopérative avait connu ses meilleurs jours et l’égoïsme, la religion et le capitalisme avaient mise à mal la solidarité de la petite communauté ; les guerres, les attentats suicides, les exploits et les perturbations avaient fait le reste. Les Palestiniens (Arabes) n’étaient plus visibles dans les champs ou sur les routes, et vivaient maintenant à l’écart des Israéliens.
Après des années de photographie journalistique et documentaire, principalement en noir et blanc, ils s’est par la suite éloigné de ce style direct. Il utilise de plus en plus d’images en couleurs qui servent de métaphore à ce qui se passe en Cisjordanie. Il tente de mélanger les deux genres afin de créer des images plus réfléchies de la situation précaire et complexe qui s’installe depuis plusieurs décennies.
La pierre est un item protéiforme dans cette région : à la fois comme objet à jeter et utilisé dans la construction de maisons ou de barrières de sécurité. Dans une plus large mesure, la pierre définit le paysage et même l’hydrologie du sol. Il peut servir d’arme ou d’obstacle, mais elle offre aussi un abri.