Spitzbergen, 2015-2022
Sur la petite île de Spitzberg isolée tout au nord de la Norvège se trouve Ny Alesund, la ville la plus septentrionale au monde. Si sa population peut descendre à 20 habitants durant l’hiver austral, elle ne dépasse pas 150 personnes en été, principalement des scientifiques. De fait, à environ 1000 km du pôle Nord, la ville accueille les bases arctiques scientifiques de plus de vingt pays dont la France, venus observer au plus près et tenter de comprendre les évolutions climatiques mondiales que révèlent les terres polaires. Cette base est la seule porte d’accès au pôle Nord pour les équipes scientifiques françaises.
Depuis 2015, Paolo Verzone se rend régulièrement à Ny Alesund afin de documenter le rôle peu mis en lumière de ces scientifiques de l’extrême, à un moment où ils deviennent cruciaux pour les enjeux politiques mondiaux.
La glaciologie est fondamentale pour analyser et répondre aux enjeux contemporains du changement climatique. Elle a permis de détecter les signes avant-coureurs de la crise climatique actuelle dès les années 1970, et de prouver le lien de causalité entre les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique.
Aujourd’hui, Ny Alesund apparaît comme un laboratoire accéléré du réchauffement climatique, et les glaciers en sont des témoins privilégiés. L’équipe française de glaciologie est à la pointe de ce champ d’étude, recourant à des drones pour cartographier l’arctique et joignant des glaciers par motoneige ou bateaux afin de les forer sur près de 300 mètres d’épaisseur, et en analyser le comportement. Sous l’effet de la fonte des glaces, certains glaciers se déplacent désormais de près de 40 mètres par jour, contre auparavant une trentaine de mètres par an, et détruisent le matériel scientifique fixé sur la glace en quelques heures.