Somalie, Mogadiscio, 2011
« À Mogadiscio, le 6 août 2011, le groupe armé islamiste Al-Shabaab quitte une ville meurtrie par deux décennies de guerre.
D’un coté, plusieurs quartiers ont été désertés par des habitants qui ont encore trop peur des snipers pour retrouver leur maison. De l’autre, des camps de déplacés, où des centaines de personnes arrivent chaque jour pour fuir la famine qui dévaste le pays, sont disséminés dans toute la ville.
Les forces du Gouvernement Transitionnel (TFG), sensées protéger la population, sont parfois responsables de graves violations des droits de l’homme dans les camps de déplacés et l’AMISOM, la force du maintien de la paix de l’Union Africaine, n’arrive pas à faire face à toutes les problématiques du pays.
La population est prise entre un pouvoir incompétent et un groupe armé qui interdit aux agences humanitaires d’amener l’aide nécessaire pour lutter contre la famine causée par une des pires sécheresses qu’ait connu la corne
de l’Afrique. Ceux qui essayent de quitter le pays se retrouvent, après des jours de marche, dans le plus grand camp de réfugiés du monde, à Dadaab au Kenya.
Dans l’Hôpital Benadir, les quatre enfants que nous avons vus hier sont morts : quatre enfants en moins de 24 heures…
Dans le camp de Badbadoo, le plus grand de Mogadiscio, on nous apprend que c’est une vingtaine d’enfants qui meurent chaque jour. Il n’y a pas d’infrastructure, pas de médicaments, pas de nourriture. Si l’impunité qui permet les abus contre la population n’est pas sanctionnée au plut tôt, et si une aide humanitaire importante n’est pas apportée à cette population qui fuit le conflit et la sécheresse, la Somalie risque de faire face à une des plus grandes catastrophes humanitaires de son histoire. »
Martina Bacigalupo, août 2011 (pour Le Monde)