Solovki, 2016
Les imposantes murailles du monastère de Solovetski se dressent sur les îles Solovki, situées dans les eaux calmes de la mer Blanche, au nord-ouest de la Russie. Fondé au XVème siècle sur les îles éponymes, il hébergea durant la période soviétique l’un des goulags les plus tristement connus de l’URSS. « Être envoyé à Solovetski » est d’ailleurs devenu une expression russe.
C’est le premier endroit où toute l’intelligentsia traditionnelle composée de poètes, journalistes, aristocrates, religieux et scientifiques y furent déportés entre 1923 et 1939. Plus de 100 000 détenus y sont passés en 16 années, la plupart y sont morts. Privés d’habits, de dignité, livrés à la violence la plus primitive et à l’absurdité de travaux forcés, ces prisonniers ont marqué les lieux de leur détention. On en voit encore les traces sur les murs des prisons abandonnées, dans l’architecture des bâtiments, sur les tombes.
Fermé en 1939, le « Camp à destination spéciale des Solovetski » (SLON) devint une base de la marine soviétique. Ce n’est qu’en 1974 que le gouvernement de Brejnev installa un Musée National d’Histoire et d’Architecture sur l’île principale et fit du lieu une réserve naturelle protégée. Des familles sont aussi retournées sur l’archipel, notamment pour y animer la nouvelle station balnéaire, destination touristique prisée pour ses datchas et sa riche taïga.
En 1992 le monastère est redevenu un lieu consacré, date aussi de son classement sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO où des moines y ont repris leur activité religieuse. Des volontaires sont venus aider à reconstruire les ermitages, parfois sur des sols chargés d’os.