Kazakhstan
Le voyage continue jusqu’à Aktau au Kazakhstan qui borde la Mer Caspienne en direction vers l’Europe. Au cours de cette expédition, les changements monumentaux apportés aux paysages et sur certaines populations sont évidents. D’immenses villes fantômes s’érigent, peu s’y sont déjà installés mais présagent d’être les nouveaux centres névralgiques de l’économie mondiale.
Éthiopie
Premier partenaire commercial de l’Afrique, la Chine finance de nombreux projets d’aménagement sur le continent depuis les années 2000, dans les domaines de l’énergie et des transports en particulier.
Parmi les pays bénéficiaires de cet investissement, l’Éthiopie concentre un nombre record d’installations chinoises. En vingt-ans, la Chine a fourni au pays sa première autoroute nationale à six voies (800 millions de dollars), une ligne ferroviaire reliant sa capitale Addis-Abeba et le port balnéaire de Doraleh à Djibouti (4,5 milliards de dollars), l’intersection Gotera (12,7 millions de dollars) et une rocade de 86 millions de dollars dans la capitale. La puissance chinoise y a également construit le premier système de métro en Afrique subsaharienne à Addis.
Dans le pays la construction de deux mégabarrages, érigés en symbole du boum hydroélectrique africain, est cependant fortement controversée. Le « Grand Ethiopian Renaissance », situé sur le Nil au nord-ouest du pays et dont la capacité de 6.000 MW équivaut à la production de 6 réacteurs nucléaires, est au cœur d’un conflit diplomatique avec l’Égypte et le Soudan depuis 2011. Le barrage pharaonique de « Gibe III », censé approvisionner en électricité l’Éthiopie, le Kenya, le Soudan et Djibouti, est quant à lui vivement critiqué pour son impact dans la région du lac Turkana, sur la biodiversité et la vie des communautés locales. Plus grand lac désertique situé au Kenya voisin, le lac Turkana est classé patrimoine mondial de l’humanité. Pour Terri Hathaway, directrice du programme Afrique d’International Rivers, le « Gibe III » est « le barrage le plus destructeur d’Afrique ».
Djibouti
À Djibouti, Pékin a injecté quelques 14 milliards de dollars dans l’économie en 5 ans et détient désormais 70 % de la dette nationale. Misant sur la position stratégique du pays dans la Corne de l’Afrique, l’armée chinoise y a établi en 2017 sa seule base militaire à l’étranger, dont elle loue le terrain en déduction de la dette contractée par le pays.
Cambodge
Au Cambodge, où les grands projets d’aménagements financés par la Chine ont explosé ces dernières années. En nette hausse par rapport à l’année 2019 (+ 70 %), les investissements directs étrangers (IDE) versés par des investisseurs chinois ont atteint 860 millions d’USD en 2020.
Majoritairement injectés dans les secteurs de la construction, de l’industrie et du tourisme, les investissements chinois contribuent largement au développement économique du royaume depuis les années 1990. Actuellement en construction, l’autoroute de 190 km reliant Phnom Penh à Sihanoukville, nouvelle capitale chinoise du jeu et du tourisme de luxe, est le projet le plus important investi par la Chine au Cambodge (1,9 milliard d’USD). Il doit s’achever en 2023.
De tels aménagements, bien qu’ils aient permis un développement rapide du pays, ne sont pas sans conséquences pour la population (16 millions d’habitants), dont 30 % vit encore dans une extrême pauvreté. L’inégale répartition des richesses, le recourt à une main d’œuvre majoritairement chinoise, entraînant une installation importante d’immigrés chinois et une hausse croissante du coût de l’immobilier, l’ingérence dans la politique locale et l’impact catastrophique pour l’environnement, sont autant d’effets tangibles de la « Belt and Road Initiative » sur le territoire et sa population.
Italie
Installée sur le territoire depuis plusieurs générations et de plus en plus implantée économiquement, la communauté chinoise ne cesse de développer ses commerces, écoles de langue, lieux de cultes et activités culturelles. Dans la Via dell’Omo à Rome, centre névralgique du « Made in China » italien, près d’un tiers des commerces sont chinois. Quant aux touristes venant de Chine, de plus en plus nombreux chaque année, ils dépensaient 650 millions d’euros dans le pays en 2019 selon l’Agence nationale italienne du tourisme (ENIT).