Sete#19, 2019
Des paysages, des gens, un noir et blanc sensible, sans effet, vibrant de gris subtils, le sentiment que les espaces sont habités, qu’ils renferment des souvenirs, des traces, que l’homme, sans que cela soit évident, les a modelés et habités, c’est ce que l’on ressent dans l’approche si particulière de Vanessa Winship. Comme à son habitude, elle ne décrit pas, elle ne témoigne de rien d’autre que de ce qu’elle éprouve, elle ne cherche à rien démontrer mais veut nous faire partager les émotions qui l’assaillent lorsqu’elle se laisse aller à la mesure de l’espace qu’elle traverse.
« Rien d’excessif, beaucoup de retenue, peut-être même un peu de tristesse, ou pour le moins de mélancolie, dans cette ballade découverte qui trouve toujours la distance juste aux choses, aux signes aux personnes croisées et apprivoisées avec douceur. Un regard attentif, généreux, servi par des cadrages précis et jamais forcés, qui respirent comme portés par le vent qui a accompagné la photographe vers la souplesse des herbes, les textures des murs, des plages, de la végétation ou des vaguelettes qui piègent la lumière grise. A la recherche, en fait, de ce qui, discrètement, garde trace d’un temps où l’on vivait ici de la pêche, du vin, du sel.
Celle qui fut – et reste – la seule femme à avoir reçu la bourse de la Fondation Henri Cartier-Bresson a trouvé naturellement son rythme dans les décors marins de la ville et de ses alentours. C’est en effet la première fois que la résidence s’ouvre aux contours de l’étang de Thau et de la lagune. Le résultat de la carte blanche fait comme chaque année l’objet d’un livre, le douzième de la collection « ImageSingulières » publié par Le Bec en l’air.. »
Christian Caujolle – Extrait du livre Sète #19