Sète, 2013
C’est Sète en hiver. Sète en noir et blanc telle que l’a vue Cédric Gerbehaye.
Sète se retrouve cadrée au plus près, au plus précis, on dirait au scalpel si l’on ne craignait de laisser croire qu’il y a là quelque chose de froid, de sec. La redoutable acuité du regard se nuance en effet des vibrations de la lumière d’hiver, qui révèle sans exalter, qui module sans caresser. Pas de bavardage, de verbiage, de joliesses ni de tentative de narration, d’explication, aucun carnet de route.
Sète en hiver, en noir et blanc, perçue au plus juste est tout naturellement à l’opposé des clichés, des envies de chaleur, de carte postale, de couleur, d’outrance, de Méditerranée.
Le temps est étrangement lourd, semble avoir du mal à s’écouler, il stagne dans des durées impossibles à déterminer, dans des territoires qui, lorsqu’ils laissent apparaître la mer ne lui permettent jamais d’en conquérir l’étendue. Sans être vraiment douloureuse, Sète en hiver éprouve des difficultés, comme une panne. Peut être que Sète hiberne. Alors, ceux qui l’habitent apparaissent seuls. Isolés. Même le chien ou le chat sont seuls. Est-ce parce que l’espace, au port comme en bord de mer, même sur le canal traversé par une unique barque, se structure autour des seules lignes que fait luire ou assombrit ce que le ciel filtre du zénith ? Sète plus singulière et énigmatique que jamais parce que nous ne voulons jamais la voir ni la regarder en hiver, finalement. Mais Sète étonnamment forte de ses axes, de ses directions qui emportent le regard. Jusqu’au moment où un mur, une façade tremblée, comme un doute massif, interdisent d’en savoir davantage.
(Extrait du texte de Christian Caujolle)