Sélection, 1955-2005
Ricard Terré est né en Catalogne, un peu avant la Guerre Civile, dans une famille d’industriels. Son talent pour la mécanique et son goût pour l’art, son extrême habileté pour le dessin, contribuent à nourrir sa pratique de la photographie comme son écriture : précise et littérale dans la transcription du réel, audacieuse dans sa forme. Incisive et critique, pleine de compassion et de tendresse. Une œuvre singulière, rare, dense et cohérente, l’une des plus intéressantes de la photographie espagnole à l’époque de l’éveil de ce langage après la léthargie de l’après-guerre.
Son œuvre photographique comprend deux périodes : de 1955 à 1969 et de 1982 à 2005. Pourtant, son style et ses motivations ne souffrent d’aucune variation pendant le laps de temps durant lequel il abandonne la photographie. Durant la seconde période, la Galice fut son territoire de recherche : les pèlerinages ancestraux, les fêtes païennes et les processions de la Semaine Sainte. Ces lieux et ces gens l’encouragent a continuer à expérimenter la plastique nette du noir et blanc comme l’expression de l’humanité à travers ceux qui croisent sa route : enfants de toutes classes sociales, habitants des petits villages, jeunes gens ivres dans les fêtes, femmes puissantes au travail… Il observe également les sentiments chez les animaux et à travers les paysages. Les petites choses abandonnées, la perte de la foi et la solitude, le portrait rapproché des anonymes, des fragiles, des différents. Les visages cachés derrière les masques de carnaval, par les voiles religieux. Sa photographie découvre l’extase dans la pierre de statues, libère les gestes dans la déformation physique des plus faibles.
Laura Terré