Second nature, 2012
Suivant les traces des mythiques expéditions du capitaine James Cook, Guy Tillim pose un nouveau regard sur les paradis polynésiens et l’iconographie qu’on leur prête habituellement. Le photographe sud-africain propose également une série urbaine sur Sao Paulo, qui apparaît ainsi comme le contrepoint de son travail sur les paysages naturels.
En lisant les récits des artistes qui ont accompagné le capitaine James Cook en Polynésie française, Guy Tillim a noté avec intérêt que parmi l’équipage du capitaine il y avait un artiste qui cherchait à transmettre ce paysage idyllique au-delà d’un beau paysage de carte postale. Relevant le même défi, Guy Tillim a créé une belle série de photographies de Polynésie et du Brésil qui offrent leurs propres réponses. Prises au premier plan, ces images sont à la fois magnifiques, subtiles et riches de détails. Ce livre contient des images très nuancées qui représentent certains des paysages les plus sophistiqués et des paysages urbains contemporains.
« En réalisant ces photographies de paysages, je devais me confronter à la difficulté de réellement voir ce même paysage. C’est un espace qui change d’aspect en un clin d’œil ou à l’évocation d’une pensée. Peut-être est-ce une manière de créer une sorte de connivence avec un spectateur qui se déplacerait entre des images dont les éléments ne sont ni évidents ni cachés. Le fait de transmettre une vision et une impossibilité de connaissance en relation avec ma propre insignifiance dans ce dispositif est un processus écrasant. Lorsque je porte l’objectif à mon œil, j’hésite. Sans doute cherche-t-on des certitudes dans la photographie, ces motifs souvent utilisés de manière inappropriée pour décrire un paysage, qui visent à isoler certains éléments pour nier les autres. Peut-être la représentation est-elle seulement belle lorsque tous les éléments qui la composent sont présents. Mais une prise de position politique telle que la présence d’un bulldozer ou d’un caniveau au paradis, est intenable.
Alors j’en suis revenu à ce qui semble être les principes de base, et donc aux clichés. Il existe des façons évidentes de représenter les composants d’une scène : des détails les plus infimes aux éléments les plus monumentaux. Mais qu’en est-il du reste, de cet espace indéterminé qui porte la texture du lieu, son sentiment, du quotidien face au spectaculaire ? Je pense pour ma part qu’il n’existe pas de réponse car un paysage est pour lui-même et en dehors de lui un lieu de méditation, un espace vide. Il fournit son propre contexte parce qu’il ne saurait en être autrement. Qu’est-ce qui est photographié ? Rien et tout à la fois, lorsque vous ne souhaitez pas quitter le cadre. » (Guy Tillim)
Polynésie Française
Brésil, Sao Paulo