Sciences en Inde : un univers au féminin, 2023
En Inde, de plus en plus de femmes cherchent à bousculer les codes et à se faire une place dans un paysage scientifique où les barrières sociales et culturelles sont encore présentes. Regard sur la trajectoire de ces femmes qui mettent à l’épreuve les préjugés.
Selon l’étude publiée par la Commission européenne en novembre 2018 « She Figures – Gender in Research and Innovation », les femmes ne représentaient que 14% des chercheurs en sciences et ingénierie en Inde, contre une moyenne mondiale de 28%. Pourtant, depuis plusieurs années, on assiste à une inversion de ces statistiques puisque, selon les données récoltées par la Banque Mondiale, et rapportées par Times of India, les indiennes représentent en 2023 43% des effectifs des filières en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM), contre 32% en France et 27% en Allemagne.
Afin de propulser leurs combats, elles partagent leurs expériences et ambitions autour de socles communs : associations, programmes d’accompagnement et de valorisation des parcours féminins. L’Indian Association of Women Scientists (IWSA), où s’implique la physicienne Sunita Mahajan, permet un travail sur différents aspects de la promotion des femmes dans le domaine des sciences et de la technologie. L’association vise la compréhension des problématiques liées aux femmes dans le domaine des sciences et l’apport de solutions pour leur autonomisation.
Dans une société encore fortement marquée par le poids de la famille traditionnelle, ces initiatives visent à faire naître de nouvelles vocations pour les jeunes indiennes. Cette avancée en Inde ouvre la voie à d’autres parties du monde ou de nombreuses scientifiques sont encore en devenir. L’avenir de la science en Inde basculerait-il entre leurs mains ? Comment les nouvelles générations prendront-elles le pouvoir au sein de cette mutation ? Insuffler l’ambition d’une carrière scientifique, c’est de toute évidence, la promesse d’une meilleure considération de la place de la femme.
« Il n’y a pas de travail pour l’homme ou pour la femme ! Il y a des emplois pour tout le monde. Cette mentalité va disparaître. C’est une période de transition. » – Sanghamitra Bandyopadhy, directrice de l’Indian Statistics Institute.
« En Inde, je plaide toujours pour un traitement d’égal à égal des gendres et des belles-filles. De nos jours, beaucoup de parents veulent traiter leurs enfants de manière égale, mais en réalité, la façon dont ils considèrent leurs gendres et leurs belles-filles diffère.» – Pr Rama Govindarajan, spécialisée dans le domaine de la dynamique des fluides et des turbulences au TIFR – ICTS, à Bangalore.