Sangre, violences urbaines en Amérique latine, 2006
Avertissement : contenu pouvant heurter la sensibilité du public.
La fièvre de la violence consume chaque jour un peu plus les rues d’Amérique Latine et fait désormais partie de son décor, de son identité. Je n’ai pas voulu parler des causes de la violence (pauvreté, inégalités et injustice) mais plutôt montrer, par des images choc, que le sang est partout, dans toutes les rues, dans tous les quartiers, à tous les coins de rue. La photographie confère une distance et en même temps une proximité, elle permet de voir sans être vu, d’être témoin sans prendre de risques, ce qui modifie la relation du spectateur à la violence, tant et si bien qu’il lui devient impossible d’en faire abstraction.
Ce travail propose un voyage dans les rues les plus violentes du continent. Buenos Aires, Rio de Janeiro, Medellon et Mexico. Des villes où la guerre est constante et semble éternelle, où la vie semble dénuée de valeur. Des situations comme celles que j’ai dépeintes sont le quotidien dans les quartiers marginaux de ces villes, où les enfants qui tiennent encore la main de leur mère, construisent leurs souvenirs avec des images de sang et de mort comme un scénario naturel, dangereusement normal.
Ce travail n’a pas pour but d’aboutir sur des résultats mais d’approfondir une question qui est dramatiquement commune à toutes les grandes villes du continent. Il vise à montrer de manière crue les conséquences des inégalités et de la misère en Amérique latine.
Les images de mort, de sang et de douleur que j’ai recueillies font partie d’une terrifiante réalité quotidienne. Une banalité que de nombreux universitaires considèrent aujourd’hui comme le germe le plus destructeur des jeunes démocraties latino-américaines.