Qasaba : un havre de paix pour la classe moyenne de Kaboul, 2017
Ouvert en 2017, le complexe d’appartements de Khwaja Rawash dans le quartier de Qasaba est aujourd’hui habité par environ 9000 personnes. Du fait du nombre croissant d’attaques perpétrées par les Talibans, la classe moyenne de Kaboul choisit de plus en plus de s’éloigner du centre-ville. Alors que ce quartier périphérique, situé au pied des montagnes du nord de l’Afghanistan, compte déjà environ 2000 appartements dans 78 bâtiments résidentiels, il continue à s’étendre comme en témoignent les chantiers de construction qui visent à accueillir de nouveaux habitants.
Les familles y trouvent la sécurité et la tranquillité, aux abords d’une ville dans laquelle les kidnappings se font fréquents. Ici les jeunes sont libres de traîner dans les parkings qu’ils transforment en véritables terrains de jeux et en lieux de rassemblement. À l’écart du chaos de la capitale, dans des rues plus sûres, plus propres et dont l’air est moins pollué, les femmes peuvent se promener librement sans être accompagnées par des hommes, scène rare pour le reste du pays. Il est commun que plusieurs générations se partagent les logements, et la modernité de leur style de vie se traduit notamment par des mariages d’amour très peu fréquents en Afghanistan.
Ces appartements sont considérés comme luxueux, ils possèdent l’eau courante et le chauffage, et contrastent ainsi avec les bidonvilles de Kaboul et du pays dans sa globalité. Au moment de l’arrivée au pouvoir des Talibans par la force en 2001, les provinces sont devenues trop dangereuses. La population de Kaboul a triplé pour atteindre plus de 4,5 millions de personnes en 2015 et l’exode des habitants vers la capitale a renforcé ce phénomène de pression démographique, provoquant une extension des quartiers pauvres jusqu’aux flancs des collines. Les deux décennies de conflits ont entièrement remodelé Kaboul et la dangerosité de cette ville pousse les classes sociales relativement aisées à partir s’installer en périphérie.
Ce quartier, pour les familles qui y résident, est un havre de paix dans un pays ravagé par la guerre civile. Alors que quelques kilomètres seulement les séparent du centre-ville, les habitants de Khwaja Rawash sont loin des bombes et des risques que comporte la vie quotidienne en Afghanistan.