Prison Valley, 2010
Prison Valley raconte cette industrie de la punition, cette vallée du Colorado, « loin des yeux, loin du cœur » qui concentre en quelques kilomètres carrés toutes les contradictions de la société américaine.
D’une prison à l’autre, c’est un sous-monde que nous découvrons. Prison. Secteur privé. Rentabilité. Solitude. Main d’oeuvre. Détenus. Pauvreté. Criminalité…Toujours, et encore.
Prison Valley est un road-movie photographique dans une ville western, où l’on surprend les personnages dans leur quotidien, dans leur travail, leur ennui, leur plaisir, comme des tableaux vivants d’une ville un peu morte.
Les familles, les détenus, le personnel pénitentiaire, le shérif, se livrent avec pudeur et démonstration et nous dévoilent les clés de cet univers.
Préfiguration de l’évolution de notre propre société carcérale.
Erin Rosa, journaliste indépendante.
« Le problème majeur du système pénal américain est aujourd’hui le nombre de détenus. Les Etats-Unis incarcèrent un citoyen sur cent. En pourcentage, c’est plus qu’en Chine. Un officier lambda, qui communique directement avec des prisonniers, n’a pas le droit de parler aux journalistes. S’il le fait, il perdra son boulot. »
Colorado State Penitentiary II (CSP II) est une nouvelle prison en construction au coeur de l’East Canon City, complexe des prisons d’Etat du Colorado.
Katherine Sanguinetti, porte-parole du département des corrections du Colorado.
« Les prisonniers de Colorado State Penitentiary II seront soumis à un programme très strict. Ils n’auront pas le droit de visite. Pas le droit de téléphoner. La plupart des prisonniers n’ont pas envie d’être enfermés 23 heures par jour. Ils sortiront pendant 45 minutes, ou une heure, pour aller faire des exercices et prendre une douche. Et c’est tout. Ils n’auront aucun contact avec quiconque. C’est notre version du Supermax. »
Allen Rexford, officier de correction à Supermax et premier vice président de la branche « Prison » du syndicat American Federation of Government Employees, Local 1302.
« Quand les prisonniers se promènent dans la cour, ils ne voient rien autour. Les murs, les murs de six mètres. Ils ne peuvent que voir le ciel. Ils ne voient rien de familier autour de la prison et n’ont aucun point de repère. Ils ne savent pas où est le nord, où est le sud. C’est pour décourager toute tentative d’évasion.ª
Brenda, femme de prisonnier.
« Les gens ici ? C’est méchant de le dire, mais ils sont plutôt vulgaires. Ils gagnent tout cet argent, mais ne s’occupent de rien. Leurs maisons sont miteuses. Si la prison n’était pas là, il n’y aurait rien ni personne, parce qu’ils n’ont rien d’autre à offrir. Le surnom de cette région est « Prison Valley ». Il n’y a rien, littéralement rien ici. Sans mon argent, et l’argent de toutes les autres familles, cette ville serait fauchée. »