Pologne, 2016
En 2016, suite à une conversation avec une amie polonaise qui s’interrogeait sur l’avenir de son pays, nous avons décidé de partir en exploration (“avant qu’il ne disparaisse”, ajoute-t-elle). J’avais déjà effectué de nombreux voyages à Cracovie et dans sa campagne environnante, mais cet été-là, nous sommes parties dans les zones rurales, plus à l’est.
En Pologne, depuis l’arrivée au pouvoir en 2015 du parti ultraconservateur PiS (droit et justice), le climat est tendu et le pays est de plus en plus divisé politiquement.
Les dérives autoritaires du gouvernement inquiètent : purges dans la fonction publique, dans l’armée, et les médias, limitation des droits civiques, non-respect de la Constitution, réforme de l’enseignement et réécriture des livres d’histoire, volonté de mainmise sur le système judiciaire, politique anti migratoire et anti européenne.
Le fossé se creuse entre les zones rurales et les petites villes, qui soutiennent le parti au pouvoir, et les grandes villes et les élites intellectuelles, qui pour la majorité s’opposent au gouvernement.
Le soutien au pouvoir s’est construit sur des thèmes patriotiques et populistes. L’histoire tragique du pays et le besoin de se défaire de siècles d’occupation et de résister aux étrangers, forment une part importante de l’attrait du gouvernement.
Dans les campagnes, la vie est rude. Les gens vivent dans des fermes, travaillent dans les champs, vont à l’église tous les dimanches.
Le gouvernement a instauré un système d’allocations familiales, de nouveaux subsides au logement, il a annulé la décision d’augmenter l’âge de la pension. Le chômage est en baisse. Le facteur économique est plus important pour ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts.
Dans les centres urbains, les Polonais se sont beaucoup mobilisés depuis que le PiS est au pouvoir –beaucoup de jeunes, de femmes sont sortis manifester dans la rue.
Pays rayé de la carte pendant un siècle et demi, la Pologne doit son indépendance à la résilience et aux efforts acharnés des Polonais. Elle doit maintenant s’inquiéter de son avenir démocratique et faire face à sa transformation en un régime autoritaire, dans un climat où les discours officiels incitent à la violence, à la haine et la déshumanisation.