Petros Village, 2006
Guy Tillim pose un regard intime sur le quotidien des habitants d’un village au centre du Malawi. A deux reprises, il a passé une semaine dans le village et a observé en silence les conversations et la routine de la journée. Ses images lyriques des habitants et des textures du village rendent hommage à leur immobilité et leur réserve.
« Le village de Petros se situe au centre du Malawi, à environ 50km au nord de la capitale de Lolongwe. Rural, mais pas isolé, le village dépend du marché local pour vendre du tabac et des haricots, et base son alimentation sur la culture du maïs.
En 2004, les pluies ont été rares et les récoltes mauvaises, mais ils ont évité la famine parce qu’ils étaient aidés par la Communauté italienne Sant’Egidio, entre autres. Cette année, comme toutes les autres, ils dépendent du climat. Une existence opportuniste et précaire, avec une récolte incertaine.
Le village de Petros tient son nom de son chef, Petros James. Selon la loi Chewa, il n’a pas hérité de son statut de chef de son père, mais de son oncle, le frère de sa mère. Le fils de sa sœur Neri héritera du même titre et du même nom, tout comme Petros l’avait eu par son oncle. Comme le dit Petros, les fils et filles de ta sœur sont tes vrais proches, ta vraie maison est là d’où vient ta mère.
J’ai rencontré Petros avec le Docteur Piero Bestagini et Moses Chigona du centre de nutrition et laboratoire Sant’Egidio, non loin de Mtengawantenga. Au bout de quelques minutes, j’étais d’accord pour passer une semaine dans le village. Piero a demandé où je pouvais séjourner, et sans hésiter Petros nous a conduit chez lui et nous a montré sa chambre. Lui et sa femme dormiraient dans la pièce où ils préparent la nourriture.
C’est seulement un ou deux jours plus tard que je me suis rendu compte du poids de cette concession. L’hospitalité dont j’ai bénéficié était si chaleureuse et éthérée qu’elle m’a semblé presque impossible à imaginer dans l’endroit d’où je viens. J’essaye de replacer cette générosité d’esprit. Je pense à l’hospitalité rurale traditionnelle, aux coutumes, des choses précieuses et non entravées par la vie urbaine. Mais son sens est élusif, enfermé dans les préjudices, obscurci par l’ignorance.
Le soleil se couche, quelques secondes avant que le village soit plongé dans l’obscurité, un groupe d’enfants chuchotant se regroupe autour de moi dans le crépuscule, juste pour admirer. » (Guy Tillim)