Peshawar: l’obscurité de la lumière, 1997
À mi-chemin de la route principale reliant Islamabad à Kaboul, la ville musulmane de Peshawar, qui signifie « La place à la frontière », reste à bien des égards un lieu en marge, encore secoué par un mouvement frénétique et une transition incessante.
Si la culture contemporaine peut s’écouler sur le chemin comme autant d’eau, elle peut aussi se déposer comme les neiges de l’Himalaya, à mesure que l’actualité devient histoire et tradition.
C’est ce sentiment de puissance que le photographe Paolo Verzone, né à Turin, a ressenti en traversant la ville de Peshawar lorsqu’il a commencé à la photographier pour la première fois en 1995. Il pensait que l’essai photographique qu’il commençait serait centré sur la convergence de réalités aussi distinctes, mais lorsqu’il est retourné à Peshawar, pour achever le projet, il a constaté que le récit qu’il tissait avec chaque nouvelle image était une chose en soi, une nouvelle mutation sortant de ce corps vibrant, forgé de tant de culture historique et contemporaine. C’est ainsi qu’à la troisième ou quatrième visite, à la fin des années 90, il a commencé sa recherche non pas de la ville elle-même – qui semblait, comme l’une des villes invisibles d’Italo Calvino, ne pas exister du tout – mais des signes de son existence. Alors qu’il rangeait les premiers tirages sur le sol de sa chambre d’hôtel, le photographe était éclairé par un détail fortuit de l’épreuve qu’il cherchait.
Puis un deuxième et un troisième ont pris place dans cet ensemble. Il s’est finalement mis en route à pied, se perdant encore et encore dans et autour du bazar de Qissah Khawani, à la recherche de ce qui était devenu pour lui une archéologie visuelle vérifiable et surtout photographiable.
David Crosby