Paysans, Suisse, 1994
« Ce travail sur les paysans vient de loin. Il est l’occasion pour Hugues de Wurstemberger de rappeler combien l’enfance, les proches, une terre d’alpage avec laquelle il entretient un rapport quasi charnel, tout cela est déterminant dans son œuvre.
Ce n’est pas tant la condition paysanne qui a motivé́ son travail, mais son histoire personnelle, une dette envers son enfance : il a beaucoup arpenté les alpages avec ses copains, quand il habitait Fribourg.
C’est ce rapport direct, instinctif et brutal à la communauté́ des alpages qui génère ces images énigmatiques. Ce qui vient à l’esprit devant ces photographies est qu’il s’agit d’un travail physique, non pas une quelconque prouesse athlétique, mais une façon d’entrer résolument dans les corps, les matières, les paysages, l’environnement. Une façon aussi de cadrer avec la cruauté.
Pour ce lent travail photographique consacré aux paysans, Hugues de Wurstemberger a expliqué́ cette approche physique “j’ai trainé dans les montagnes, j’ai rencontré́ des petits paysans dans des chalets très reculés au fond d’étroites vallées. C’était surtout des photos faites avec les pieds, c’est comme ça que j’aime les faire. Je pense que ça se fait avec les semelles, qu’il faut avoir les semelles sensibles et si ça rentre par la plante, ce sont des photos qui peuvent tenir.“ »
Michel Guerrin (Au-delà de l’évidence, éditions La Sarine, 1996)