Ombres du Japon, 1991
« Parmi les photographies qui constituaient l’ambition ultime de mes efforts de jeune photographe, je me souviens d’une image de Harry Callahan, traçant à l’aide de quelques brins d’herbe une calligraphie indéchiffrable sur une neige immaculée. Il était donc question de minimalisme et d’épure.
La lecture de l’essai de Tanizaki, l’éloge de l’ombre, puis le voyage au Japon, allaient déplacer durablement les enjeux de cette obsession simple.
Certes, l’analogie entre la camera obscura et le fond de la maison japonaise où Tanizaki décrit des reflets irréels comme un songe produits par l’extrême pointe de la clarté du lointain jardin, rapprochait photographie et Japon en une esthétique pour laquelle le beau n’est pas une substance en soi, rien qu’un dessin d’ombres.
Mais l’exil du voyage initiatique et mon statut de gaijin, d’étranger, allaient me faire comprendre que je n’étais pas convoqué pour célébrer les archétypes chers à la culture japonaise, ni là bas ni ailleurs, mais pour occuper la place plus modeste du passant jouissant de la couleur de la lumière, du grain des matières, de la légèreté de l’air, et de leur imprévu.
La poésie des images qui se présentaient à moi, tout en n’étant affaire ni d’émotion ni de sens, affirmait la supériorité de sa présence sur toute tentative de faire de la photographie une écriture, voire une rhétorique, raisonnable.
Ce pur plaisir, irréductible, est encore ce qui m’obsède aujourd’hui. »
-Pierre-Olivier Deschamps
« Les photographies de Pierre-Olivier Deschamps montrent le plus souvent une trace lumineuse sur un fond obscur, comme si la calligraphie devait passer par le négatif, pour devenir une image photographique. Une image prise au Japon, mais mieux encore, japonaise par l’esprit. »
-Gérard Macé