New Waves, 2021
Vagues de chaleurs, inondations, tornades, avancées du désert… Les catastrophes qui peuplent notre imaginaire et nous font frissonner de plaisir dans les scénarios de science-fiction s’immiscent de plus en plus dans notre réalité. La série de photos « New waves » est née de ce sentiment de confusion que m’inspire la manière dont est traitée la question du changement climatique ainsi que les différentes peurs qu’elle suscite. Nombre d’entre nous peinent encore à croire certains discours alarmistes, ne parvenant pas à réellement changer nos habitudes et priorités.
Le monde de demain, qui alarme les scientifiques et menace les générations futures, m’a inspiré ces images présentées sous forme de diptyques : d’un côté les visages d’enfants et d’adolescents – ceux qui subiront les conséquences de nos actes – et de l’autre des paysages désertiques, rappelant les décors préhistoriques ou post-apocalyptiques que j’avais aimé photographier dans ma série « De qui aurais-je crainte ? » (2008-2011).
Fidèle à la dimension onirique de mon travail et mon envie de le préserver de toute identité politique trop définie, j’ai choisi de garder une certaine distance : malgré la gravité du sujet, je tenais à conserver l’aspect poétique de ces images. Ne pas juger, mais simplement montrer.
« Danger » et « beauté » : une contradiction que j’avais en tête lors de la production de cette série et qui me rappelle la manière dont, ces dernières années, nous nous étonnons, tout en nous en accommodant, de températures estivales dangereusement élevées. J’ai aussi voulu montrer différentes attitudes chez ces jeunes : si certains ont un air défiant, d’autres, au contraire, sont apeurés. Je ne voulais pas donner à voir cette jeunesse ultra-combattante qui n’existe que dans les discours et les publicités.
Mon travail artistique a toujours été l’occasion d’explorer un autre lieu, à part, celui de la fiction, avec tout ce qu’elle implique de doutes, d’imperfections et de contradictions. Dans une époque où l’art est utilisé pour éduquer, j’aime l’idée d’un espace indépendant et fouillis, où les plaisirs et les peurs sont exprimées sans jugement ni hiérarchie.
Raphaël Neal.
Le portrait « Tom » de cette série fait partie de la sélection gagnante du « Portrait of Britain » 2021