Migrants Stories, 2021
Le siège de Kobané, Syrie, 2014
Située au Nord de la Syrie, dans la province d’Alep, Kobané est la troisième plus grande ville kurde de Syrie. Le 16 septembre 2014, les combattants de l’État Islamique ont lancé un siège de la ville, afin d’en prendre le pouvoir. En Octobre 2014, l’État Islamique avait réussi à capturer plus de 350 villages et villes kurdes dans la localité de Kobané, provoquant un afflux de quelque 300 000 Kurdes déplacés, dont la plupart se sont réfugiés en Turquie frontalière. La Turquie a alors ouvert huit points de passage sur une distance de 32 km entre Akcakale et Mursitpinar, permettant à des centaines de milliers de Kurdes d’échapper à l’assaut des combattants de l’État Islamique.
Méditerranée, 2016
Ismail Ferdous a passé une journée sur le bateau de Médecins Sans Frontières aux côtés des sauveteurs qui viennent en aide aux migrants qui tentent la traversée de la méditerranée. Au cours de cette journée, la Marine britannique a confié à l’équipage de Médecins Sans Frontières un groupe de 27 hommes et les dépouilles de 6 noyés.
Ces hommes, désireux de rejoindre l’Europe, avaient payé un passeur pour embarquer sur un canot pneumatique depuis Tripoli. Après avoir quitté la côte libyenne et un voyage de deux heures, le passeur les a menacés de son arme, récupérant les gilets de sauvetage et le moteur de l’embarcation, avant de retourner vers la côte. Seuls, démunis et sans moyen de guider l’embarcation, ils ont dérivé en mer, jusqu’à ce que le caoutchouc de la frêle embarcation se perfore.
Sur les 130 hommes au départ de cette tragique traversée, 103 sont portés disparus ou morts, parmi eux, 2 jeunes adolescents. Les 27 survivants ont été sauvés de justesse par la Marine britannique, puis pris en charge par Médecins Sans Frontières à 55 miles nautiques des côtes libyennes.
Calais la fin de la Jungle, France, 2016
Annoncée par le ministre de l’intérieur français en Septembre 2016, le 24 Octobre de la même année débute le démantèlement de la zone nord de la jungle de Calais, devant mener à la fermeture totale de ce lieu, où se regroupe depuis Mars 2015 les migrants en attente d’une traversée de la manche vers le Royaume-Uni. Les 6 486 migrants recensés sont évacués dans des bus vers 450 centres d’accueil et d’orientation disséminés dans toute la France. Ces centres doivent permettre aux migrants d’effectuer leur demande d’asile afin d’obtenir le statut de réfugiés et un titre de séjour. Les migrants réfractaires sont placés soit dans des centres de rétention administrative pour être expulsés soit faute de place, laissés libres de leurs mouvements. Le démantèlement de la jungle de Calais a pour conséquence l’arrivée en quelques jours à Paris de près d’un millier de migrants venus de Calais. Les structures d’accueil étant déjà surchargées, de nouveaux campements sauvages sont installés, et les évacuations faites par la police s’enchainent sans solutions de long terme.
Les apatrides, Bangladesh, 2017
La Birmanie ne reconnaissant pas le statut de citoyens aux Rohingyas, la communauté musulmane forte d’un million de membres ainsi apatrides subissait depuis plusieurs années une campagne de haine antimusulmans menée par les bouddhistes birmans. En Aout 2017, dans un contexte déjà très tendu, des Rohingyas radicaux ont attaqué plusieurs postes de police birmans et tué des membres des forces de sécurité, déclenchant alors un mouvement de haine et de vengeance accrue contre leur communauté. En réponse, des foules de soldats birmans et de civils, ont pris d’assaut les campements de Rohingyas, installés dans la province de Rakhine, frontalière du Bangladesh. Face à un déchainement de violence inédit, des centaines de milliers de Rohingyas ont alors fuit se réfugier au Bangladesh où personne ne les attendait et où aucune aide ne leur a été apporté. Alors que la saison des moussons inondait le pays, les réfugiés se sont retrouvés bloqués dans la zone frontalière et se sont alors installés dans des tentes de fortune le long de la seule route de la région attendant une aide inespérée du Bangladesh.
Ciudad Juarez, Mexique, 2021
Expulsés des États-Unis au titre de la lutte contre le Covid, en attente de visa ou de régularisation, ou victimes d’une crise humanitaire, des milliers de Centraméricains sont ballotés et renvoyés vers des zones de non-droit. Sous couvert de transfert d’un centre de rétention à un autre le Homeland Security Service américain conduit les migrants en attente de régularisation vers Ciudad Juarez l’une des villes les plus dangereuses du Mexique. La plupart ne comprend ce qui leur arrive qu’une fois la frontière mexicaine traversée. Ces expulsions expéditives dont le Mexique n’a pas été informé par les autorités américaines, ont lieu depuis mars 2020 en vertu du dénommé « Title 42», une clause légale appliquée pour raisons sanitaires, en l’occurrence la pandémie de Covid-19. Les changements fréquents de politique migratoire des derniers mois renforcent l’insécurité dans laquelle se trouve ces migrants qui bien souvent ont fui la précarité aggravée par la crise du Covid-19, mais aussi la violence des gangs.