Mexique, 2019
Après les années passées avec Mary Ellen Mark, le Mexique n’existait qu’en noir et blanc dans mon monde. Il était habité par des petites filles aux robes de communiantes, des acrobates de cirque et quantité de chiens. Quand j’ai été invitée à Oaxaca pour une résidence d’artiste en 2018, il me semblait retourner dans un lieu familier.
400 kilomètres au sud de Mexico, Oaxaca revendique sa culture indigène. Le passé est omniprésent, et les cercles du temps semblent inviter le visiteur à oublier la corruption, la violence, la migration –mais la dramatique actualité du Mexique n’est jamais loin. Les inégalités sociales poussent régulièrement les gens dans la rue.
Mais ces jours-là, tout paraissait calme. Partout la lumière éclatait, la végétation s’offrait, luxuriante, la musique et les couleurs séduisantes faisaient vivre les rues de la ville. Pays du surréalisme, de l’imaginaire et du mystère, le Mexique vit ses contradictions. Entre oubli et mémoire, les gens vivent leur quotidien, au-delà des illusions d’eux-mêmes et de l‘ailleurs.
J’ai souvent fui les foules de touristes pour m’échapper dans la Sierra, dans les montagnes qui bordent la ville. Les heures passées dans les bus et les collectivos invitent à la contemplation. La lumière change. Mon estomac me fait souffrir. La manière dont les femmes marchent et portent les enfants évoque d’autres temps. Le matin, je me réveille au son des violons de jeunes adolescents. Des rêves sans limite, loin de la mélancolie.
J’aime la promesse des commencements.