Maroc, Ecole de cirque Shemz’y, 2012
Nous sommes au bord de la mer, dans un quartier pauvre de Salé, en banlieue de Rabah. Un ancien fort est là, rongé par le temps. Devant, un chapiteau. À l’intérieur, un grand hangar, des bureaux, un réfectoire… L’école nationale du cirque marocain est implantée ici, loin du centre-ville. Ouvert à la suite d’une rencontre avec Anne Fratellini (artiste) à la fin des années 1990, le cirque Shemz’y forme des futurs artistes venus de différentes villes marocaines. Et depuis 2009, elle délivre un diplôme national pour des disciplines qui, dans ses formes contemporaines, sont beaucoup moins connues au Maroc que la pratique traditionnelle de l’acrobatie. Des circassiens français se relaient ici toute l’année pour enseigner et préparer le festival du début du mois de juillet. Les jeunes garçons et filles travaillent tous les jours avec obstination pour parfaire leur art. Parmi ces jeunes, certains viennent du quartier pauvre voisin de Sidi Moussa. Car cette école et l’association qui la portent ont aussi une ambition, réintégrer dans le circuit scolaire des enfants des rues et leur faire pratiquer le cirque pour ses vertus créatives, collectives et sportives. Peut-être pour ouvrir un avenir différent de ce qui marque ce quartier, la misère et la drogue. Ce reportage raconte l’histoire de cette école, unique au Maroc et dans le Maghreb, de ces jeunes artistes et de ces enfants des rues. Nous avons partagé leur quotidien, leurs interrogations et leurs désirs. Nous avons observé une démarche, de l’action sociale au projet artistique.
Autour du cirque, chaque jour, des dizaines de voitures se garent face à la mer. Leurs passagers boivent de l’alcool, fument de la marijuana. Les jeunes artistes voient cela. Ils voient aussi l’état du quartier qui est en partie un bidonville. Et ils rentrent sous le chapiteau, pour travailler.
Christophe Dabitch